Culture | Flandre intérieure
13 septembre 2023
Bruno Dewaele et Eric Daumont, deux façons de tirer le portrait des écrivains
La Villa Marguerite Yourcenar accueille de nombreux écrivains en résidence. Au fil des 4 dernières saisons, Bruno Dewaele, photographe, et Eric Daumont, peintre, les ont rencontrés chacun de leur côté pour en faire leur portrait. Des œuvres regroupées au mois de septembre dans l’exposition "Tête à tête". Rencontre(s).
Si Bruno Dewaele travaille déjà depuis de longues années avec les écrivains de la Villa départementale Marguerite Yourcenar, Eric Daumont a fait connaissance avec eux plus récemment. C’est Marianne Petit, la directrice de la résidence d’écrivains, qui les a mis sur le même chemin, celui de la Villa, avec toujours la volonté de mettre en avant les formidables auteurs de passage dans le Nord.
Bruno Dewaele, photographe amoureux de littérature
Enfant du Nord, originaire de Roubaix, Bruno Dewaele n’est pas arrivé à la Villa Marguerite Yourcenar par hasard. Son travail de conseiller littéraire l’a amené à présenter au public des auteurs, éditeurs, traducteurs engagés ou même de grands lecteurs.
En parallèle, il fait de la photo depuis l’âge de 10 ans. Les paysages industriels ont longtemps guidé son travail. Le thème de la polyphonie également, avec toujours l’envie de créer des images radicalement différentes de leur contexte d’origine.
J’aime le tissage entre le visuel et le textuel. La photo est un magnifique sésame qui permet d’être là où l’on n’est pas censé être.
Avec les écrivains en résidence à la Villa, il se dit en "compagnonnage" depuis 5 ans. En tout, il a dû en photographier
près de 120, toujours en noir et blanc : Depuis le début, je ne
cherche pas à entrer en contact avec les auteurs avant de les rencontrer. Je
préfère également lire leurs œuvres après coup, pour ne pas être influencé. Je
ne sais pas à l'avance qui est qui, ni qui fait quoi. Pour moi, c’est la rencontre humaine
qui est privilégiée.
Un temps de discussion précède donc toujours la séance photo,
pour la rendre plus vivante. Le plaisir, c’est de sortir des codes
de la photo d’écrivain. Il faut mettre en confiance, amener ailleurs…un peu
comme avec des pelures, il faut parfois chasser un visage trop assuré pour
essayer d’en entrevoir un autre
, explique Bruno Dewaele. Il s’attache
également à laisser transparaitre un élément de la Villa Marguerite Yourcenar,
comme un lien entre la personne et le lieu.
Ensuite, il laisse reposer la séance, ne développe pas tout de suite ses photos. Puis il croise sa sélection avec Marianne Petit, qui connaît mieux les auteurs pour les côtoyer quotidiennement en résidence. Ensemble, ils échangent et définissent le portrait qui traduit au mieux l’auteur. Un exemplaire libre de droit lui est également offert.
Éric Daumont, peintre des émotions
Graphiste de formation, Eric Daumont a travaillé pendant 30
ans pour l’édition à Paris. Avant cela à l’école Estienne, il apprend la
typographie et le modèle vivant. La peinture : j’en ai toujours
fait
, se souvient-il, j’étais d’ailleurs plutôt parti pour être
illustrateur, mais il faut compter plusieurs années pour se lancer… travailler
en agence était plus simple pour être indépendant
.
Changement de cap à la cinquantaine. Il s’installe en
Flandre et décide de privilégier la peinture de
portrait qu’il affectionne tant, réaliste et colorée : J’adore le
grand format, quand je peins, j’ai du mal à faire plus petit que la taille humaine
.
Suite à sa rencontre avec Marianne Petit, qui a repéré son travail, il débute également une collaboration avec les écrivains. En ce qui le concerne, il aime assister à la soirée littéraire pour mieux connaître les auteurs, cela lui permet d’entrer dans leur univers et de mieux les cerner. La rencontre en tête-à-tête vient dans un second temps, Eric Daumont capture alors le cliché qui lui servira à créer son portrait. Comme pour Bruno Dewaele, un élément architectural de la Villa vient se glisser dans le décor… une sorte de fil conducteur commun.
Les écrivains semblent attendre quelque chose de la
peinture, c’est presque d’un
autre temps. La photo que nous prenons ensemble n’existe pas vraiment dans leur
perception
, raconte-t-il. Une toile lui prend 2 à 3 semaines de
travail, il ne peut donc pas peindre tous les écrivains.
C’est indéfinissable, mais j’ai l’impression que les portraits les plus réussis sont ceux des auteurs les plus impliqués dans ma démarche.
J’aime varier les
profils, j’essaye de sélectionner différentes personnalités, notre rencontre
guide aussi mon choix
, ajoute-t-il. Le peintre prévoit d'ailleurs de poursuivre sa collaboration avec la Villa lors de la prochaine saison littéraire, à la fois pour rencontrer les nouveaux auteurs, mais aussi pour se donner la possibilité de terminer certains portraits qui lui tiennent à cœur.
Deux artistes, une exposition
Photographies de Bruno Dewaele et peintures d’Eric Daumont se répondront à la Villa Marguerite Yourcenar du 9 au 25 septembre. L’exposition "Tête à tête" sera accessible de 10h à 18h le samedi 16 et le dimanche 17 septembre, lors des Journées Européennes du Patrimoine. En semaine, vous pourrez prendre rendez-vous au +33 (0)3 59 73 48 90, et les week-ends des 9 et 23 septembre, l'exposition sera accessible de 14h à 18h. L'entrée est gratuite.
Crédits photo : I. Dewaele, E. Daumont, C. Arnould, I. Dalle