Culture | Avesnois
4 avril 2020

Bavay : le trésor des bronzes du Forum antique, chapitre 3

Découvert en 1969, le trésor des bronzes du Forum antique constitue l'une des attractions majeures du musée de Bavay. Les plus grands spécialistes se sont penchés sur la question.

Un trésor parmi les trésors. Celui de 370 objets découverts en 1969 par l'abbé Henri Biévelet, l'instigateur de fouilles archéologiques menées sur le site du forum gallo-romain de Bavay.

"Ce trésor est aujourd'hui la pièce majeure de la collection permanente du musée, expose Véronique Beirnaert-Mary, directrice du site du Forum antique de Bavay. Il est constitué de statuettes de divinités du panthéon gréco-romain (Jupiter, Mercure, Minerve..), de nombreux objets du quotidien à usages divers comme des garnitures de meubles, des ornements décoratifs, de la vaisselle, des accessoires de pesage et des luminaires.

On compte également un nombre important de petits fragments de bronze issus de statues monumentales brisées en morceaux, qui étaient restés muets jusqu'aux investigations menées en 2017 avec le C2RMF, le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France. Menées durant les mois de juillet de 2014 à 2017, par le Service archéologique du Département du Nord et le laboratoire HALMA de l'Université de Lille, de nouvelles fouilles ont permis de confirmer les hypothèses de datation de l’enfouissement du Trésor au tournant des 3ème et 4ème siècles, précise encore Véronique Beirnaert-Mary.

Passer la vidéo

Revenir avant la vidéo

Un trésor bien énigmatique

La provenance, l'origine, de ces 370 pièces demeure mystérieuse. La communauté scientifique supputait que l'ensemble des objets en bronze a été probablement rassemblé soit à des fins cultuelles, soit dans le but d’empêcher d’éventuels pillages ou simplement dans l’attente d'une refonte. Encore fallait-il en avoir le cœur net.

Afin d’en élucider les secrets et de le revaloriser, une équipe de spécialistes l’a analysé sous toutes les coutures.

Une analyse high tech 

Le trésor des bronzes de Bavay a fait l'objet en 2017 d'une analyse poussée pour en percer les secrets.

Cette mission a été confiée aux équipements de pointe du C2RMF.

Illustration

Lequel a donc radiographié avec son New AGLAE, Accélérateur Grand Louvre d'Analyses Elémentaires inauguré en novembre 2017, le Trésor des bronzes de Bavay, qui a été son premier sujet d'étude.

Cet accélérateur de particules permet d'analyser les matériaux des oeuvres d'art de façon totalement non destructive.

Les statuettes ont aussi été radiographiées aux rayons X pour comprendre leur structure interne, mesurer l'épaisseur des parois métalliques, repérer et étudier les assemblages, et détecter la présence d'éventuels défauts de fonderie.

Une couche de corrosion relativement épaisse couvre les bronzes de Bavay. Pour accéder à la recette originelle de l'alliage et déterminer la composition en impuretés du métal, il a donc fallu effectuer de minuscules prélèvements afin de collecter quelques milligrammes de métal qui ont ensuite été analysés par spectrométrie d'émission atomique à plasma. Ces données ont permis en particulier de tester des rapprochements entre les différentes statuettes.

Polychromie d'argent et d'or

Le résultat est que pour certaines statuettes, une véritable polychromie a été redécouverte : incrustations d'argent, d'or, de cuivre rouge, patines noires...

Illustration

Ces ornements décorent parfois le socle des statuettes mais on les retrouve surtout pour souligner certains détails anatomiques, les yeux et les lèvres notamment.

Après ces analyses, les 370 objets ont retrouvé leur place au sein du musée attenant au forum de Bavay, qui, dans une scénographie rénovée, font du trésor des bronzes, l'attraction principale des lieux.

Consequor (à suivre). Ave !

Crédits photo : Département du Nord - Cédric Arnould

Pour aller plus loin