Environnement | Valenciennois
7 mai 2021

À Hergnies, une plante africaine fait le bonheur du bétail

Face au dérèglement climatique et aux récoltes fourragères parfois désastreuses, les agriculteurs expérimentent de nouvelles solutions pour nourrir le bétail. Les frères Coudyser à Hergnies cultivent du sorgho, avec de premiers résultats prometteurs.

Ces dernières années, les rendements de maïs et d'herbe ont été exécrables dans nos terres sableuses. Nous avons perdu jusqu'à un tiers de notre récolte à cause de la caniculeexplique Jean-Michel Coudyser, éleveur de vaches laitières à Hergnies dans le Valenciennois

Après une mauvaise récolte de maïs, l'hiver suivant est toujours compliqué pour alimenter le bétail

Jean-Michel Coudyser, éleveur

Les deux frères ont donc décidé de se tourner vers d'autres cultures plus résistantes aux changements de températures, en partenariat avec le Groupe d'études et de développement agricole Scarpe Hainaut (GEDA).

Sur leurs 140 hectares d'exploitation, les Coudyser consacrent 3 hectares en champs d'essai au sorgho, une plante africaine prometteuse, plus résistante au réchauffement climatique.

On s'est dit : qui ne tente rien n'a rien ! , se souvient Jean-Michel. La Chambre d'agriculture est venue faire les comptages, la planification, la disposition et nous a fourni des conseils pour le suivi de la culture.

Et en deux temps, trois mouvements, les plants de sorgho ont trouvé racine dans la terre du Valenciennois, à côté du maïs, et les vaches ont semble-t-il, apprécié cette nouvelle saveur.

Le sorgho : une culture d'avenir ?

Cette plante bien connue en Afrique, et déjà implantée dans le Sud de la France, commence à se faire une place dans le Nord.

Jusqu'à présent elle n'était pas cultivable au-dessus de la Loire mais avec le réchauffement climatique et des variétés plus précoces, elle peut désormais pousser ici aussi. Nous avons donc mis en place des essais pour la comparer au maïs

Le sorgho présente de nombreux atouts : il a besoin de moins d'eau que le maïs mais aussi de moins d'intrants et produits phytopharmaceutiques pour se développer.

Atypique, cette plante se protège également seule du soleil en créant une sortie de "crème solaire" maison qui limite l'évaporation d'eau, et donc l'asséchement.

Tester de nouvelles cultures devient donc nécessaire dans l'agriculture. Il est important de maintenir l'autonomie alimentaire des élevages

Gwendoline Elluin, conseillère en élevage à la Chambre d'agriculture Hauts-de-France.

Avec leurs 80 vaches laitières, la famille Coudyser a besoin de 60 kg de nourriture par jour et par vache ! Le sorgho pourrait complémenter la nourriture du bétail l'hiver à hauteur de 20%, mais il ne pourra pas remplacer le maïs dont la valeur alimentaire est incontestable , rappelle Emmanuel Coudyser.

On se donne 3 ans minimum pour faire des moyennes et tirer des conclusions. On doit encore travailler pour trouver la meilleure variété, la plus adaptée à notre terre mais aussi affiner le stade de récolte.

Les Coudyser ont aujourd'hui entre leurs mains huit variétés de sorgho mais attendent encore les Saintes Glaces pour semer et éviter un coup de froid tardif.Tester de nouvelles cultures devient donc tendance dans l'agriculture. Il est important de maintenir l'autonomie alimentaire des élevages

Crédits photo : Dominique Lampla / Gwendoline Elluin

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