Culture | Valenciennois
19 septembre 2021

À Aulnoy-lez-Valenciennes, Soilio Coulibaly développe son art

Pour la première fois, la résidence étudiante Jules-Mousseron participe aux Portes ouvertes des ateliers d'artistes. Elle permet ainsi à l'un de ses résidents, Soilio Coulibaly alias Soilioba, de faire connaître son travail artistique au public.

Dans l'immense hall, les toiles réalisées par Soilio Coulibaly et les étudiants qu'il encadre trônent depuis longtemps. Grandes comme des Rubens. Colorées comme des Matisse. Universelles comme l'est la résidence Jules-Mousseron.

Ses 780 logements font face à l'Université polytechnique des Hauts-de-France. Depuis quatre ans, Soilio Coulibaly, connu sous le nom d'artiste de Soilioba, vit dans l'un d'eux. Un responsable de la résidence m'a vu dessiner dans ma chambre, un jour, se souvient le doctorant en arts. Il m'a dit : ce n'est pas un atelier ici ! Il lui a proposé les clefs d'une petite pièce lumineuse pour qu'elle devienne son atelier.

Pendant les confinements de l'an dernier, Soilio Coulibaly a suggéré aux autres résidents de jeter leurs maux sur une toile commune. Lui, ce qu'il projette, c'est la Côte d'Ivoire.J'ai passé mon enfance dans un pays en guerre. Je suis né en 1994. Un premier coup d'état a eu lieu en 1999. Depuis, le pays n'est plus stable. Aux violences s'ajoute une crise identitaire.

L'art plutôt que le football

C'était avec ses pieds que Soilio Coulibaly, enfant, rêvait de se faire connaître. Il rêvait de football, mais c'est son coup de crayon qui attire les regards. Vers 12 ans, il commence à vendre ses réalisations. C'était des dessins de publicité, en quelque sorte, un peu bande dessinée.

Le milieu de l'art, chez nous, n'est pas respecté. Les professeurs de collège remarquent son talent et décident de convaincre son père, forgeron, de l'inscrire au Centre technique des arts appliqués de Bingerville. Il accepte.

Quand je suis arrivé, je commençais à avoir la grosse tête. J'étais un bon dessinateur, mais pour moi, dessiner, c'était se limiter à reproduire. Mes enseignants m'ont appris que pour être artiste, il faut dépasser ses limites.

Soilio Coulibaly

 Soilio Coulibaly y parvient. Il sort major de sa promotion, rejoint les Beaux-Arts de Cocody. Il s'imagine alors travailler dans le monde du design.

Les divisions secouent la Côte d'Ivoire. Soilio Coulibaly doit quitter Abidjan. Dans le bus qui le ramène à Koun-Fao, sa ville natale, il manque de perdre la vie par deux fois.

Derrière les masques

Il a décroché une bourse. Il poursuit sa formation au Maroc, aux Beaux-Arts de Tétouan. Il s'investit dans l'école, dans la vie associative, mais surtout il découvre la peinture. Tout change à partir de là. Soilioba trouve sa voie. Il travaillera sur les masques, les faux-semblants, les apparences. Il racontera les troubles qui déstabilisent l'Afrique et le monde, qui mêlent et emmêlent la politique, les inégalités sociales, la jeunesse. 

Il arrive à Valenciennes pour effectuer une licence puis un master Arts et management artistique. Deux professeurs, Eric Mondel et Eddy Panier, remarquent rapidement son travail. Ils m'ont dit que je les fais penser à Jean-Michel Basquiat. Je ne le connaissais pas. J'ai cherché. C'était un artiste engagé, révolté contre un certain système. Ça me plaît bien.

Soilio Coulibaly commence à animer des ateliers artistiques à la résidence Jules-Mousseron et propose rapidement sa première exposition, "Perception des crises politiques en Afrique". Elle a lieu en avril 2018 à la médiathèque d'Aulnoy-lez-Valenciennes. Dans ses tableaux, des traits enfantins, de la couleur, de la noirceur. 

Les beaux jours de l'enfance, je ne les ai pas connus, détaille Soilioba. Dans mon travail, je pars donc toujours des couleurs sombres pour aller vers la lumière. J'essaie de m'éloigner le plus possible de l'enfant que j'étais qui a vu des choses mais n'a pas pu, à l'époque, les faire sortir de lui.

Les récompenses commencent à affluer. En 2019, Soilio Coulibaly a obtenu le premier prix de la création artistique de l'Université polytechnique des Hauts-de-France. L'an passé, le grand prix du Salon des arbustes de Mantes-la-Jolie. 

Infos pratiques

Soilio Coulibaly vous ouvre les portes de son atelier situé rue du Chemin vert, Résidence Jules Mousseron, bâtiment D, étage 4, appartement E16 à Aulnoy-lez-Valenciennes:
- le vendredi 7 octobre de 18h à 22h
- le samedi 8 octobre de 10h à 12h et de 14h à 18h
- le dimanche 9 octobre de 10h à 12h et de 14h à 18h
Retrouvez toute la programmation des Portes ouvertes des ateliers d'artistes sur poaa.lenord.fr

Crédits photo : Département du Nord -C. Arnould

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