Culture | Flandre intérieure
19 décembre 2020
"Un jour, une œuvre" : La tentation de Saint Antoine
Aujourd'hui, direction la Flandre et ses tableaux typiques d’un art multiforme, coloré et… mystérieux. Pour preuve, cette toile conservée au Musée de Flandre et dont l’attribution n’est toujours pas déterminée.
Cette huile sur bois est attribuée dans les années 1970 à Jan Mandyn (vers 1500 - 1560), peintre célèbre pour ses diableries grouillant de monstres empruntés à l’univers de Hieronymus Bosch (vers 1453 - 1516). Malgré tout, cette hypothèse ne semble pas fondée. En effet, l’atmosphère de l’œuvre du peintre d’Haarlem est étrange et mystérieuse, la composition est saturée de créatures oniriques et d’éléments à la symbolique complexe. Notre tableau en diffère par une ambiance plus contenue avec un paysage paisible qui se déploie à l’arrière-plan.
En 1990, une nouvelle attribution est avancée : il s’agirait de Jan Wellens de Cock (vers 1480 - 1521 ou 1527). Certes, ici le traitement des feuillages animés par un subtil mouvement est réalisé à la manière de Jan Wellens de Cock mais cette technique est maîtrisée et utilisée par d’autres peintres. D’autre part, les figures chez Jan Wellens de Cock sont généralement plus imposantes…
Cette œuvre reste donc anonyme. On peut la situer aux alentours des années 1560 -1580.
Le récit des tentations de Saint Antoine repose sur deux sources : l’histoire originale écrite par Saint Athanasius peu de temps après la mort de saint Antoine et La Légende dorée de Jacques de Voragine au 13ème siècle. Ce thème maintes fois repris par les peintres permet d’exalter les exploits du saint, résistant aux artifices de Satan et aux péchés capitaux comme la cupidité ou la luxure.
Comme dans toutes les représentations de ce type, l'incendie de l'habitation à l'arrière plan est une référence au feu de Saint Antoine (appelé aussi ergotisme gangréneux), qui est une maladie dont souffrait une partie de la population au 16ème siècle : les malades invoquaient le saint dans l'espoir de guérir.
Crédits photo : Jacques Quecq d’Henripret