Environnement | Tout le département
9 septembre 2024
Tout savoir sur la fièvre catarrhale ovine
Détectée début août chez nous, la "maladie de la langue bleue" touche les élevages nordistes. Quel impact ce virus a t-il sur notre quotidien ? Les explications d'Alain Lemaire, directeur du Laboratoire départemental du Nord engagé auprès des éleveurs nordistes.
Qui peut être touché par cette maladie ?
Alain Lemaire : La Fièvre catharrale ovine (FCO) est une maladie virale qui touche les ruminants, en premier lieu les ovins (moutons), mais aussi les bovins (vaches) et les caprins (chèvres). Le cheval n’est pas concerné. Le virus peut également toucher la faune sauvage (cerfs et chevreuils), entraînant une réduction des naissances et donc des populations. En revanche, la maladie n’est pas transmissible à l’homme. Et nos animaux domestiques (chats, chiens), ne peuvent pas attraper la maladie non plus.
Quelle est l’origine du virus ?
A.L. : Il se transmet par les moucherons culicoïdes, des insectes piqueurs qui se reproduisent dans les zones humides. La FCO est arrivée en France en 2006 par le bassin méditerranéen, et est devenue endémique dans le sud de la France. En 2023, un variant du virus est apparu aux Pays-Bas avant de se répandre en Allemagne et en Belgique. C’est ce nouveau variant que nous avons détecté dans le Nord le 1er août dernier.
Quel est l’impact pour nos éleveurs ?
A.L. : Quand ils sont touchés, les animaux perdent rapidement du poids et leur production de lait diminue. La FCO entraîne une mortalité particulièrement importante chez les moutons. L’incidence économique pour les éleveurs peut donc être importante.
Peut-on continuer à manger de tout ?
A.L. : Le virus n’a pas d'incidence sur la qualité sanitaire de la viande ou du lait. On peut donc continuer à consommer de la viande de mouton, du lait de vache ou encore du fromage de chèvre, sans aucun risque pour notre santé.
Quel est le rôle du Laboratoire départemental dans la lutte contre le FCO ?
A.L : Le Laboratoire départemental est agréé pour la réalisation d’analyses de détection de la FCO présente en France depuis 2006. Face au nouveau variant, il s’est mobilisé pour mettre en place un nouveau processus d’analyse, qui a été officiellement autorisé le 12 août dernier.
Pour suivre l’évolution de la maladie, l’État demande que les laboratoires fassent des analyses virologiques pour la recherche de la FCO dans la limite de trois animaux par cheptel. Notre laboratoire départemental s'occupe de ceux du Nord. En parallèle, une campagne nationale de vaccination est en cours.
En date du 5 septembre, nous avions réalisé 651 analyses avec 548 résultats positifs concernant 367 élevages, en majorité dans le sud du département (secteurs de Valenciennes et de Marchiennes).
À quel rythme la maladie se propage-t-elle ?
A.L : Le virus circule rapidement. L’immunité n'est acquise que 3 semaines après la vaccination pour les moutons, et 6 semaines pour les vaches. La majorité des élevages du Nord sera donc probablement touchée dans les prochaines semaines. De plus, le variant de la FCO connaît une forte résurgence dans le sud et remonte vers le nord. Le laboratoire départemental du Nord reste donc pleinement mobilisé et vigilant pour soutenir nos éleveurs, en lien avec les services de l’État.
Crédits photo : Cédric Arnould