Jeunesse Éducation | Tout le département
13 novembre 2020
"On crée du lien avec les élèves en difficulté"
Connaissez-vous le rôle des acteurs de liaison sociale en environnement scolaire ? Ce dispositif essentiel a été intensifié par le Département ces derniers mois sur l'ensemble du territoire. Entretien
Dominique Blin, chef de service de prévention spécialisée, co-supervise les équipes éducatives territoriales dans le bassin de Valenciennes.
En 2018 et 2019, il intervenait au collège de Lourches en tant qu' Acteur de Liaison Sociale en Environnement Scolaire (ALSES). Un dispositif intensifié par le Département ces derniers mois sur tout le territoire, notamment dans le sud du département.
En septembre 2019, 6 postes d'éducateurs en prévention spécialisée ont été créés, dont 2 postes d'ALSES aux collèges Turgot et Bayard de Denain.
D'ici janvier 2021, une trentaine de postes supplémentaires d'ALSES seront créés par le Département dans le cadre de son engagement dans la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté.
Au total, 73 professionnels exerceront bientôt ces missions sur lesquelles Dominique Blin revient pour Nord info.
Un ALSES, c'est quoi ?
Dominique Blin : Le poste ALSES est assuré par un éducateur de prévention spécialisée, missionné pour être présent au sein du collège à différents temps de la journée et dans tous les lieux. Il ou elle est là par exemple à l'entrée du collège le matin ou le soir, pendant la récréation, déjeune avec les élèves le midi et passe dans les couloirs. Il peut aussi être présent lors des sorties scolaires. Salarié du service prévention spécialisée du CAPEP , l'ALSES partage son temps de travail entre la ville, les quartiers et le collège situé dans cette ville, ce qui favorise le lien entre les deux.
À qui s'adresse-t-il ?
D.B: Aux jeunes en âge d'être collégiens qui pour des raisons différentes, risquent de se retrouver dans une situation les mettant en difficulté ou en voie de rupture avec leurs lieux de vie d'adolescents (école, famille, amis). Le mal-être à l'école ou le manque de motivation pour aller à l'école peuvent être les symptômes d'un besoin d'intervention éducative Il s'agit là d'avoir le souci d'être au plus proche des jeunes, d'être attentif à celles et ceux qui traduisent ce besoin dans la dimension scolaire. Bien que référentiel adulte, l'ALSES peut avoir une posture décalée parce qu'il est rattaché à une association extérieure, ce qui lui permet d'avoir un terrain facilitateur de mise en confiance auprès des élèves.
Quel est votre rôle ?
D.B: L'idée est de créer un lien avec les élèves qui rencontrent des difficultés, d'être identifié et légitimé pour proposer des actions qui peuvent les aider (lutte contre l'absentéisme, le décrochage, les tensions éducatives). Il agit en relation avec l'ensemble de l'équipe éducative de l'établissement (notamment le professeur référent sur le décrochage scolaire) et les parents. L'ALSES est en quelque sorte l'huile que l'on met dans les rouages pour que les environnements personnel, scolaire, social et familial fonctionnent de nouveau ensemble.
Comment agissez-vous ?
D.B : Prenons un exemple qui s'est produit en 2019, quand j'étais moi-même ALSES. J'ai discuté pendant le temps de récréation à plusieurs reprises avec un élève. La confiance acquise, il m'a exprimé une difficulté vécue mettant en tension sa poursuite scolaire. J'ai perçu des besoins à prendre en compte. Dans ce cas, j'ai proposé à cet élève de rencontrer de manière consentie la famille à domicile pour trouver des réponses adaptées avec eux. Des orientations vers des organismes pouvant les aider ont été proposées. L’année scolaire une fois finie, l’accompagnement maintenu par mes collègues a permis de consolider les solutions trouvées.
Le travail de partenariat et de mise en place d'un maillage avec le tissu social du territoire est essentiel. Les collaborations avec les UTPAS (Unités Territoriales de Prévention et d'Action Sociale), les lycées et les professionnels de l'orientation et l’insertion sont importants pour optimiser un suivi de parcours après le collège.
Crédits photo : Dominique Lampla