Culture | Métropole
10 juillet 2023
"Mes broderies revendiquent un message : l’amour est la seule chose qui puisse nous sauver"
Douces et délicates, raffinées et puissantes, les œuvres brodées de Carolina Sepulveda célèbrent avec grâce la vie, le féminin et la nature. Lilloise jusqu’au bout des ongles, cette artiste chilienne participera pour la première fois aux Portes ouvertes des ateliers d’artistes (POAA) les 4, 5 et 6 octobre prochains. Rencontre.
Sans les femmes de ma famille, je ne serais pas ici aujourd’hui. Je leur dois tout. Au Chili, la broderie est une affaire de famille. Et de femmes.
Avec deux grands-mères qui tricotent et qui brodent, une mère qui l’a toujours encouragée dans sa créativité et deux sœurs elles-aussi artistes, Carolina Sepulveda ne pouvait que révéler son potentiel : poésie, littérature, dessin, broderie… ses talents sont multiples.
Nous la rencontrons dans son lieu de vie. Une maison pittoresque nichée au fond d’une cour où règne une quiétude palpable. Au premier étage, son atelier rempli de livres, de tableaux, de bobines de fils, de plantes, de références aux artistes féminines qu’elle aime tant. Et Sony, une petite chatte rousse qui nous accompagnera pendant toute notre entrevue.
Amoureuse de la France et du Nord
Née sous la dictature de Pinochet, Carolina a toujours nourri le rêve d’être artiste. Amoureuse de la poésie et des lettres françaises - la langue française m’apaise
, reconnait-elle - c’est en décrochant une bourse de la Fondation Neruda qu’elle parvient à obtenir un poste d’assistante en classe d’espagnol au lycée Pasteur de Lille. J’ai choisi cette ville à la simple vue d’une photographie de la Grand’Place !
, se souvient-elle, tout sourire.
Lorsque j’ai débarqué à Lille, en 2005, j’ai su que j’étais arrivée au bon endroit. J’avais 26 ans et cette idée ne m’a jamais quittée.
Un temps libraire, Carolina a choisi de se consacrer pleinement à son art. Si elle brode depuis toujours, elle présente son travail de façon professionnelle depuis quatre années. Son univers est peuplé d'animaux - chats, ours, loups - mêlés à la nature et au féminin. Le fil me sert à exprimer un attachement fort à mes racines. Avec mes œuvres brodées, je revendique un message : l’amour et la gentillesse sont les seules choses qui puissent nous sauver.
Le fil me relie au Chili, tel un cordon ombilical. Quant à la broderie, elle est éternelle, elle ne se défile pas. Elle répare et je souhaite que mes œuvres en fassent autant.
Avec le temps, les formats de ses œuvres prennent de plus en plus d'ampleur. Je rêve de me déployer sur des murs énormes ! Pourquoi pas en association avec d'autres femmes.
La sororité, encore et toujours au cœur de son univers.
Carolina exposera pour la première fois aux Portes ouvertes des ateliers d'artistes, les 6, 7 et 8 octobre prochains. Derrière cette participation, une histoire d'amitié : Entre artistes, nous nous entraidons beaucoup. C’est d'ailleurs l’une de mes amies, Chloëlia Delesalle, qui m’a proposé de la rejoindre pour cette édition.
Notez dès aujourd'hui sur vos tablettes ce rendez-vous incontournable des amateurs d'art : Carolina et ses amies, réunies sous le collectif Les bizärtes, vous attendent nombreux les 4, 5 et 6 octobre au 32 rue du Pont à Fourchon à Lille. L'exposition, qui s'annonce joyeuse et sous le signe du partage, aura lieu dans la salle commune d'un habitat partagé.
Crédits photo : Département du Nord : Dominique Lampla, Aurélie Lemaire