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5 juillet 2023
Quels trésors se cachent derrière les portes de la Maison du collectionneur ?
Le saviez-vous ? Il existe à Tourcoing une maison vraiment pas comme les autres. Un savant mélange des époques, des architectures et des styles qui rend cette demeure aussi prestigieuse que singulière. Bonne nouvelle, vous pourrez la visiter cet été. En voici un avant-goût, rien que pour vous.
Au numéro 3 du square Churchill, face à l’hôtel de ville de Tourcoing, un couple de passants s’arrête quelques instants, visiblement impressionné par la façade de briques rouges ornée de colonnes et surmontée d’un bow-window vert éclatant.
Dès l’extérieur, elle en impose, cette maison du collectionneur. Un panneau lui est d’ailleurs dédié. En le parcourant, on apprend qu’elle a été construite en 1911 pour l’industriel, collectionneur et artiste peintre Ernest Desurmont. Un nom bien connu dans la ville puisqu’il s’agissait d’un des grands industriels du textile nordiste.
C’est William Rouached, fils des propriétaires, qui nous ouvre la lourde porte en bois clouté. La famille a racheté la maison il y a une dizaine d’années et, depuis, s’occupe de sa restauration avec beaucoup de soin et de cœur.
Nous entrons par l’ancienne porte de la prison de Tourcoing. Cette maison est un amalgame de plusieurs styles. Hélas, les archives de l’architecte Jean-Baptiste Maillard ont brûlé et il est difficile d’identifier de manière sûre la provenance de toutes les pièces.
Au rez-de-chaussée, on compte pas moins de quatre salons
nous explique-t-il. Pour préserver l’intimité de la famille, nous ne découvrirons qu’une partie des 600 m2 de la demeure. Mais la visite en vaut largement la peine !
Dès le hall d’accueil, la surprise est de taille et donne le ton de la visite : une douce lumière se diffuse à travers des vitraux en verre soufflé de Murano, le sol est constitué de pierre noire et de marbre (on en retrouvera d’ailleurs partout dans la maison), et nous sommes face à cinq portes composées de panneaux de bois sculptés provenant du chœur de l’église Saint-Christophe
.
Toujours au rez-de-chaussée, le bureau dit "des quêteurs" servait jadis à recevoir les fournisseurs mais aussi les nécessiteux venus demander l’aumône. Désormais occupé par la maitresse de maison, il offre une superbe série de peintures du 18e siècle. Scènes de la vie quotidienne en Flandre, plumage de cygnes ou ouverture d’huitres… on se croirait à l’intérieur d’une toile de Bruegel.
La Flandre sous toutes ses coutures
Passons au(x) salon(s). Dans le premier, notre œil est tout de suite attiré par la cheminée encadrées de colonnes de marbre rose et bleu. Les carreaux qui la garnissent datent du 15e siècle et proviennent d’une abbaye des environs de Bruges
. Quant au parquet en chêne, il a été récupéré dans un château
. Au plafond, nous découvrons les armoiries des grandes familles flamandes. Parmi elles, le blason Desurmont.
Au sol du salon d'été, une rosace de pierre noire et de marbre met audacieusement en valeur le mobilier d'église - boiseries et bancs - qui habillent la pièce. Plus loin, on retrouvera d'ailleurs un confessionnal d'église dans le couloir d'accès à la cuisine. Ici, point de pénitence ou de réconciliation... puisqu'il sert désormais de vestiaire à la famille !
Dans la cuisine, le mélange de mobilier moderne et de faïences de Delft rendrait jaloux n'importe quel amateur de décoration. Certains carreaux datent du 15e siècle, ils sont mélangés avec d'autres réalisations plus récentes
, précise William. Quel plaisir ce doit être de cuisiner parmi de tels joyaux...
À la fin de la visite, une question nous brûle les lèvres : ça fait quoi de vivre dans un lieu si enchanteur ?
Nous sommes conscients d’habiter une maison pas comme les autres. C’est pourquoi nous y faisons attention et nous la préservons. Nous l’avons d’ailleurs faite inscrire au titre des Monuments historiques.
Et pour partager au plus grand nombre ce trésor du patrimoine, la famille a accepté d'ouvrir ses portes cet été. Pour faire partie des heureux visiteurs, contactez dès à présent l'Office de tourisme de Tourcoing.
Crédits photo : Département du Nord : Philippe Houzé