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7 novembre 2023

La Compagnie des mines d’Aniche racontée en cinq mots

Ce 11 novembre, on commémore aussi les 250 ans de la création de la Compagnie des mines d’Aniche, l'une des plus importantes de France à son époque. Deux siècles d’Histoire locale marqués par quelques temps forts, racontés ici…

1. Création

Le 11 novembre 1773, le Marquis de Traisnel, ancien lieutenant-général des armées du roi, fonde une société avec sept autres directeurs : la Société de Monsieur le Marquis de Traisnel pour l’extraction du charbon de terre. Simple détenteur d’actions, il prête ses terres en échange d’une part des dividendes.

Les premières recherches de charbon sont infructueuses, faute de moyens et de connaissances suffisantes en matière de géologie. Il faut attendre 1778 et l'ouverture de la fosse Sainte-Catherine, à Aniche, pour découvrir le précieux minerai.

2. Innovation

En 1847, dans la fosse Fénelon fraîchement creusée, on utilise pour la première fois en France, deux nouvelles techniques : le système de guidage par longrines en bois, et l'extraction du charbon par cages.

Au fur et à mesure que les mineurs creusent, les longrines servent alors de support de charge dans l’étayage des galeries. Quant à l’extraction par cages, mécanisée grâce aux chevalements, elle remplace enfin les échelles primitives auxquelles grimpaient les mineurs, panier de charbon au dos. 

3. Épreuves

Guerres, incendies, coups de grisou, et même attentat... la Compagnie des mines d'Aniche traverse toutes les épreuves à travers le temps. 

La jeune société connaît d'abord les combats révolutionnaires. En 1793, les Autrichiens, royalistes, occupent une grande partie du Nord. À cette période, seule Aniche lui reste accessible sur l'ensemble des sites de production.

En 1827 et 1854 un incendie et un coup de grisou, dans les fosses Saint-Hyacinthe puis Saint-Édouard, ôtent la vie à une vingtaine de mineurs. En 1900, ils sont de nouveau atteints dans la fosse Fénelon : l’explosion de 150 kg de dynamite à 500 mètres de profondeur pulvérise la vie de 21 personnes et fait 11 blessés graves.

Cinq ans auparavant, en août 1895, un attentat interrompt une fête en l'honneur du directeur Vuillemin à Auberchicourt. À la sortie de la messe, un anarchiste lui tire dessus avant de s’échapper et de perdre le contrôle d’une bombe qui explose, faisant surtout des dégâts matériels. La presse s'en fera largement l'écho.

Un siècle et demi plus tard, les deux guerres mondiales font rage sur le territoire. À la fin de la Première Guerre, toutes les installations sont détruites par l’occupant lors de son retrait, il faudra attendre 1921 pour les rendre de nouveau opérationnelles. Pendant la Seconde Guerre, Aniche va de nouveau subir quatre années d’occupation par les troupes allemandes, fragilisant son économie.

4. Gloire

Peu après 1900, la Compagnie emploie 7 600 ouvriers. Elle possède dix puits d'extraction, deux usines de lavage, 205 fours à coke, quarante kilomètres de chemins de fer, et un rivage sur la Scarpe permettant l'acheminement de son minerai dans le reste du pays.

Avant la Première Guerre mondiale, la Compagnie est l'une des plus puissantes de France.

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Usine de la Briquette à Somain, possession de la Compagnie des mines d'Aniche.

En 1939, à l'aube de la Seconde Guerre mondiale, les archives font état de 13 sièges d'extraction  permettant de produire 3 180 000 tonnes de charbon et 289 000 tonnes de coke. 15 342 ouvriers sont employés sur place. La Compagnie possède également une caisse de secours, 7 000 maisons, neuf dispensaires, deux écoles ménagères, et 187 kilomètres de voies ferrées.

De puissantes verreries s'installent également à proximité des mines dès le 19e siècle, le charbon permettant de faire chauffer les fours bien plus facilement que le bois. Aniche devient rapidement la capitale française du verre, et aujourd'hui encore, l'héritage perdure avec l'entreprise de renommée mondiale Saint-Gobain, implantée sur place.

Au total, la Compagnie des mines d'Aniche aura foncé cinquante-cinq puits de mines, répartis en une trentaine de sièges d'exploitation, dont 11 à Aniche.

5/ Déclin

En 1946, la Compagnie des mines d'Aniche est nationalisée. Elle intègre alors le Groupe de Douai. L'État en devient le seul propriétaire, comme pour toutes les mines de charbon françaises de l'époque. Il s'agit alors d’exploiter au mieux cette énergie, cruciale pour la reconstruction du pays.

En 1947, le Groupe ouvre à Sin-le-Noble son dernier puits, le Puits du Midi. Terminé en 1950, la fosse est mise en sommeil jusque 1957, date à laquelle les installations de surface sont construites, ainsi que les cités ouvrières. L'extraction commence en 1958, puis en 1967, le puits est approfondi pour atteindre sa profondeur définitive de 662 mètres.

La fosse fermera en 1972, après avoir servi pendant seulement quatorze ans. Le puits est remblayé l'année suivante, et le chevalement démoli.

Avec la concurrence internationale et l'épuisement des ressources, les fosses de l'ancienne Compagnie des mines d'Aniche ferment les unes après les autres. La fosse Barrois sera la dernière à cesser l'extraction, le 30 juin 1984.

Cette même année, la célèbre fosse Delloye rouvre en tant que Centre historique minier de Lewarde. Avec ses 8 000 m² de bâtiments industriels, et son site de 8 ha, il est aujourd'hui le plus grand de France, et l'un des tout premiers d'Europe. 150 000 personnes viennent le visiter chaque année.

Crédits photo : Société d'Histoire d'Aniche

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