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2 septembre 2024
Jacques Desbonnet, dernier survivant du réseau Voix du Nord, est décédé
Né le 27 février 1923 à Lambres-lez-Douai, Jacques Desbonnet est décédé dans la nuit du 31 août au 1er septembre à l’âge de 101 ans. Il était le dernier survivant du réseau de Résistance Voix du Nord.
Juin 1940. Les Allemands s'avancent dans le Nord. La menace approche à grands pas. Pour la famille Desbonnet qui réside à Douai, après avoir subi les mitraillages de Stuka et autres Messerschmitt, il faut fuir dans le sud. C'est-à-dire, dans le Pas-de-Calais… C'est la route de l’exil.
Jacques Desbonnet en est. Il a 17 ans. Sa famille - 5 garçons et une fille, 10 personnes en tout avec parents et grand-mère - trouve refuge au château de Buneville (Pas-de-Calais) après deux jours de marche.
L'appel du 18 juin 40, comme un déclic
Le 18 juin, Jacques fait partie des rares personnes qui, depuis la bibliothèque du château, entendent l'appel du général de Gaulle lancé depuis Londres. Patriote, catholique, c'est le déclic. Le jeune homme entre en Résistance.
Ses premières actions sont modestes : répandre des clous sous les roues des véhicules ennemis, mettre du sucre dans leur réservoir pour qu'ils tombent vite en panne, verser de l'acide sur les pneus, changer le sens des poteaux indicateurs… Mais il en faut plus pour freiner l'avancée nazie.
En 1941, Jacques Desbonnet intègre un réseau de la Résistance qui va devenir la Voix du Nord et se spécialise dans le renseignement. Il indique les installations allemandes pour les Anglais et enregistre les données sur des micro-films. Mais il est arrêté en tentant d'en faire passer en zone libre, en 1942. Il passe alors neuf semaines en prison avant de revenir à Douai. De là, il aide à faire déserter des Alsaciens enrôlés de force dans l'armée allemande.
Dénoncé le 24 mai 1943, Jacques Desbonnet est arrêté par la Gestapo. Il se retrouve à l’isolement à la prison de Loos, près de Lille. Les interrogatoires sont musclés. Pourtant, je n’ai jamais été torturé, confie-t-il. Il va "seulement" passer un an en détention, l'officier allemand ayant davantage la tête à ses nuits de débauche à Lille, qu'au procès proprement dit. À sa sortie de détention en mai 1944, Jacques Desbonnet a 21 ans mais ne pèse plus que 37 kg.
"Il n’y a pas de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage"
En 1945, il s’engage dans les forces d’occupation en Allemagne. Une fois sa mission terminée, il rentre en France et devient employé au service commercial de la Direction générale des Houillères.
Plus tard, il
sillonnera les collèges et lycées pour témoigner de son expérience. Sans jamais
manquer de citer aux jeunes sa devise : Il n’y a pas de bonheur sans
liberté, ni de liberté sans courage
.
Jacques Desbonnet était le seul survivant du réseau Voix du Nord, qui donnera son nom au célèbre journal régional. En mai 2022, la Ville de Douai avait inauguré, en sa présence, une rue qui porte maintenant son nom. En septembre 2023, il a été élevé au grade de commandeur de la Légion d'honneur.
Crédits photo : Ville de Lambres-lez-Douai