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19 mars 2020

Il était une fois... le carnaval de Dunkerque

Si les carnavals sont présents dans toutes les Flandres, il en est un que les Nordistes chérissent plus que tout : celui de Dunkerque. Retour sur les origines et les coutumes de ce carnaval décidément pas comme les autres.

Au 18ème siècle, les armateurs offraient à leurs équipages un festin bien arrosé, dénommé foye, avant l’appareillage pour la pêche à Islande. Une dure réalité pour ces gens de mer qui partaient pour une période de 6 mois dans des conditions rudes et précaires, sans certitude de retour. 

Selon les années, ces festivités correspondaient peu ou prou avec celles des jours gras précédant le début du carême. La participation des marins, grimés pour l’occasion, finit par ancrer la tradition et donna naissance à cette fameuse bande des pêcheurs qui, depuis lors, a acquis ses lettres de noblesse et pérennisé le carnaval dunkerquois.

Une fête de l’inversion, de la dérision, de la transgression

À l’origine, les pêcheurs enfilaient les robes de leur femme et allaient chercher les fleurs des cimetières pour orner leur chapeau. Au fil du temps arrivèrent des déguisements plus étudiés : le tablier d’écolier à carreaux, le costume marin rayé, le ciré de pêcheur… Depuis le travesti est revenu en force, avec sa robe, ses collants en résille, son chapeau à fleurs et son incontournable manteau de fourrure. 

Un personnage clé : le tambour-major

Ce personnage détient un rôle essentiel car il guide la foule d’un endroit à l’autre dans un temps bien déterminé, en respectant une succession d’étapes prévues d’avance. Le tambour-major est un chef d’orchestre : ses indications, ponctuant la musique, commandent et arrêtent les chahuts. Il est accompagné de sa cantinière qui, avec son petit tonneau, donne à boire aux musiciens. 

Chaque quartier de Dunkerque dispose de son tambour-major et tous sont revêtus d’un costume de grognard napoléonien. Actuellement, le territoire de la Communauté urbaine de Dunkerque compte 24 tambours-majors actifs et 3 membres d’honneur. Depuis 2013, ils sont regroupés au sein d’une confrérie et veillent au respect de la tradition.

Faire chapelle

La bande connaît des pauses et des rendez-vous incontournables. Si les purs et durs la suivent du début à la fin, la plupart des carnavaleux font des pauses. Dans les cafés, mais aussi dans les fameuses chapelles, des maisons amies qui accueillent les masques avant, pendant ou après la bande. On y fait de joyeuses haltes, on s’y ravitaille, on s’y requinque, on y danse et on y chante !

"Libérez les harengs !"

Le lancer de harengs est un moment très fort de la bande de Dunkerque. À 17h, la foule afflue en masse sous les balcons de l’hôtel de ville où le maire, ses adjoints et 25 habitants tirés au sort jettent pas moins de 500 kilos de harengs saurs. Cette tradition remonte à 1967. 

Autre point d’orgue de la bande, le rigodon final sur la place Jean Bart. Les musiciens prennent alors place sur un kiosque et pendant près d’une heure, les carnavaleux dansent autour de la statue de Jean Bart. Lors de ce final, chacun, genoux à terre, prend la main de son voisin ou de sa voisine et entonne "l’hymne à Jean Bart" en hommage au héros de la cité.

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Crédits photo : Département du Nord - Philippe Houzé - Cédric Arnould - Dominique Lampla

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