Culture | Métropole
27 février 2020
Derrière les murs de la maison natale Charles de Gaulle en chantier
Au 9 rue Princesse à Lille, les travaux de rénovation ont démarré en début d'année. Les ouvriers sont à pied d'oeuvre et mettent au jour des secrets jusqu'ici bien cachés.
La Maison natale Charles de Gaulle a fermé ses portes pour un an en novembre 2019. Le temps de consolider la structure de la demeure, fragilisée par le passage de 20 000 visiteurs par an, mais aussi de la rénover telle que le jeune Charles l'a connue.
"Faire connaître, faire comprendre et faire aimer"
Le 9 de la rue Princesse à Lille a été acquis en 1872 par Jules Émile Maillot, grand-père de Charles de Gaulle, afin d'y installer sa fabrique de tulle et d'y loger sa femme et leur cinq enfants, dont Jeanne, qui y donnera naissance à Charles en 1890.
Pendant toute sa jeunesse, cette maison fut le lieu de retrouvailles familiales autour de "Bonne Maman" qui décèdera en 1912. C'est donc cette période (1890-1912) qui a été choisie comme période de référence pour imaginer cette rénovation.
Nous essayons de définir de manière la plus scientifique possible les bons états de référence
, explique Étienne Poncelet, architecte en chef des Monuments historiques. Mais ce n'est pas simple : par endroits, on a trouvé jusqu'à cinq couches successives de revêtement mural
.
Et il s'avère que dans les murs se cachent aussi des journaux et même de très vieux écrits ! Ces papiers étaient utilisés comme isolant et c'est dans la chambre natale de Charles qu'a eu lieu la plus belle découverte en la matière : des écrits du XVIIème dans l'un des murs, et un journal de 1958 dans le conduit de cheminée.
De découverte en découverte
Le chantier est actuellement dans sa première phase, celle de la déconstruction. Une phase impressionnante par son ampleur, et qui permet de percer les petits secrets que recèle encore la maison.
Avec la cuisine, la salle d'eau dans la chambre de Bonne Maman et la lingerie dans la chambre d'amis, le petit salon est l'une des quatre pièces qui sera restituée. Une fenêtre vient d'y être découverte au dessus de la cheminée, dont on comprend du même coup qu'elle n'avait qu'une fonction décorative.
Dans la cuisine, les travaux ont révélé les traces d'une ancienne porte, d'une crédence, et l'existence d'une mystérieuse sonnette dont la fonction exacte n'a pas encore été identifiée.
Chaque semaine apporte son lot de découvertes. C'est une maison qui pose beaucoup de questions mais toutes les trouvailles seront conservées et valorisées.
Dans la chambre de Bonne Maman, comme dans beaucoup d'autres pièces de la maison, l'intervention de corps de métier spécialisés a révélé l'existence de décors soignés, en faux chêne, faux acajou ou faux ébène.
Les vestiges de ce qui laisse penser à un ancien atelier de poterie ont également été découverts sous le plancher du petit salon.
Dans la cour, l'emblématique véranda a été déposée, découvrant la structure en fer d'origine. D'abord reconstruite en atelier par des spécialistes, elle sera en suite remontée à Lille.
Mais il faudra patienter un peu pour découvrir tous ces décors réhabilités : la déconstruction est prévue pour durer encore quelques mois, avant que les métiers d'art n'entrent pleinement en action pour la phase de restauration.