Culture | Flandre intérieure
7 février 2024
Curiosité : des céramiques médiévales mises au jour à Hazebrouck
C'est en fin d'année dernière, lors d'un chantier d'archéologie préventive sur le terrain du futur Centre d'Incendie et de Secours d'Hazebrouck, que le Service archéologie et patrimoine du Département a découvert une série de céramiques datant du Moyen Âge. Retour sur une histoire qui se raconte en 6 chapitres...
Chapitre 1 : les fouilles préventives
Le Service archéologie et patrimoine du Département du Nord est habilité comme opérateur d’archéologie préventive. Quésaco ? Avant tout travaux concernant les routes, les collèges ou les équipements départementaux, nous assurons un diagnostic archéologique
, témoigne Alex Bezut, paléométallurgiste.
Obligatoire avant tout aménagement, cette mission a pour but de vérifier si des vestiges ne se cachent pas sous terre.
Concrètement, comment ça se passe ? 10% de l’emprise totale du projet est sondée en creusant des tranchées séparées de 15 mètres, soit 1 300 m2 pour le chantier d’Hazebrouck
, explique Alex Bezut.
Chapitre 2 : la découverte
C’est lors du quatrième jour de fouilles qu’un fossé a livré ses secrets. Nous y avons trouvé des traces d’occupation domestique
, se souvient l'archéologue. En l’occurence, une batterie de cuisine en céramique.
Fait amusant, c’est souvent quand les archéologues ne s’y attendent pas qu’ils font les plus belles découvertes ! C’était précisément le cas ce jour-là.
Chapitre 3 : le prélèvement
Deux journées entières ont été nécessaires à l’équipe pour tout prélever. Premier réflexe, analyser rapidement le sol et les formes des objets pour en faire une première datation.
Ces poêlons, marmites et bassins, mais surtout ce couvre-feu pour maintenir les braises au chaud, sont des éléments typiques de l’époque médiévale.
Aidés de pelles, de truelles et de bêches, les archéologues ont rassemblé l’ensemble des éléments pour les mettre en caisse et les ramener dans leur quartier général basé à Lille.
Chapitre 4 : le lavage
Telle une vaisselle classique, chacune des pièces a été lavée sous un filet d’eau. Vient ensuite une phase de séchage qui peut durer plusieurs semaines.
Les pièces en céramiques sont celles que l'on trouve le plus souvent. Cette découverte nous renseigne à la fois sur les habitudes alimentaires du 14ème siècle, mais aussi sur le niveau de technologie de l'époque. Elles serviront par exemple à enrichir le contenu d'une exposition.
Chapitre 5 : la reconstitution
Place au puzzle en 3 dimensions ! Muni de son pistolet à colle et d’une patience à toute épreuve, Charlie Mairel, archéologue du bâti, s’affaire ensuite à reconstituer chacune des pièces. Pour cela il est aidé par une partie de l'équipe.
Vous avez bien lu. Chacune des pièces est momentanément assemblée à la colle pour une raison précise : Une fois reconstituée, je la mesure avec des outils techniques puis je la dessine sur papier
, explique Virginie Pilard. Ces dessins serviront ensuite à étudier ces objets en les comparant avec des pièces similaires.
Chapitre 6 : l’étude et la mise en réserve
Dernière phase, et pas des moindres, la rédaction du rapport. Il s’agit d’étudier les objets archéologiques et l'ensemble des données de terrain. Ce document est à rendre au Service régional de l’archéologie. C’est une commission qui décidera ensuite si cette découverte est majeure ou non. Si c’est le cas, nous repartiront sur le terrain pour mener de plus amples investigations
, indique Alex Bezut.
Pour l'heure, le trésor est stocké dans la réserve dédiée aux opérations terminées. Affaire à suivre !
Crédits photo : Département du Nord : Dominique Lampla