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13 octobre 2023

Clémence Prévost, scientifique au féminin

Elle est passionnée par les maths depuis son plus jeune âge, mais les doutes ont bien failli la faire passer à côté d'un avenir prometteur. Aujourd’hui, elle est récompensée par le Prix L'Oréal-Unesco pour les femmes et la science. Rencontre avec cette jeune chercheuse lilloise qui travaille sur l’amélioration des images médicales, tout autant que sur la place des femmes dans le monde de la science.

Prendre soin de soi et des autres, c’est peut-être ce qui caractérise le mieux le parcours de Clémence Prévost. Après des études d’ingénieur, alors qu’elle hésite sur la voie à suivre et doit surmonter des problèmes de santé, elle est encouragée par la confiance de ses encadrants lors d’un stage et décide de mener une thèse sur l’amélioration des images satellites.

À seulement 26 ans, Clémence Prévost est aujourd’hui enseignante-chercheuse, en post-doctorat au laboratoire CRIStAL (Centre de Recherche en Informatique, Signal et Automatique de Lille) à l’école centrale de Lille. Elle se spécialise sur les images médicales comme les IRM pour améliorer la prise en charge des patients.

Vos recherches sur l'imagerie médicale consistent en quoi ?

Clémence Prévost : À la base, je travaillais sur l’imagerie satellite et je me suis découvert une passion pour le traitement signal. En gros, mon travail consiste à travailler sur l’amélioration d’images pixellisées grâce à un modèle mathématique, ce qui pourrait permettre de diviser par deux, trois voire quatre, le temps d’examen des patients lors d’une IRM et donc d’améliorer le confort des patients.

Comment êtes-vous parvenue à cette carrière de scientifique ?

C.P. : J’ai toujours été passionnée par les maths et la physique. Pendant mes études, j’ai beaucoup douté. Une petite voix me disait que je n’étais pas assez compétente. J’ai su faire part de mes doutes à mes encadrants de thèse et à ce moment-là le soutien de mon entourage professionnel a été crucial, ils m’ont donné confiance et j’ai continué de mener mon bonhomme de chemin… Aujourd’hui, j’ai créé une carrière de chercheuse à mon image, où la transmission a une grande place.

Quelle scientifique êtes-vous ?

C.P. : En 2023, être scientifique c’est être curieux et passionné, c’est être n’importe qui aussi ! Un vieux monsieur en blouse blanche ou Marie Curie… Faire de la recherche en étant confiant ou non, en aimant la compétition ou pas… Pour moi, la vulgarisation scientifique a beaucoup d’importance. Je mène mes travaux de recherche tout en faisant de l’enseignement et de la médiation. J’interviens auprès des lycéens notamment pour démystifier les stéréotypes, montrer que la science est ouverte à tous et qu’elle a aussi besoin des femmes.

Être une femme dans le milieu scientifique, est-ce difficile ?

C.P. : À l’heure actuelle seules 28% des chercheurs sont des femmes et particulièrement dans le domaine du signal où il y a une grande majorité d’hommes. En tant que femme, on a tendance à plus vite douter et à souffrir du syndrome de l’imposteur. C’est un constat alarmant. On demande aux hommes d’être brillants et aux femmes de l’être aussi mais également de s’intégrer et s’adapter aussi, de se faire sa place.

Quel regard portez-vous sur votre parcours ?

C.P. : Je suis fière de ne pas avoir lâché et d’avoir poursuivi mon parcours malgré mes a priori et mes doutes. Aujourd’hui, j’ai ma place dans le milieu scientifique et c’est très valorisant.

Que représente ce prix de la fondation L'Oréal ?

C.P. : Il permet de transmettre une voix, un message. J’espère que les jeunes filles qui se questionnent auront envie de s’intéresser au domaine de la science. Il y a encore du travail à faire. J’espère qu’avec ce prix L'Oréal, de nombreuses jeunes filles pourront s’identifier aux lauréates et se dire qu’elles aussi, elles ont un rôle à jouer.

Quels sont vos projets pour l'avenir ?

C.P. : Aujourd’hui, je travaille avec un laboratoire d’imagerie médicale sur l’expérimentation d’un logiciel que j’ai créé. Par la suite, j’aimerais mettre mes applications au service de l’agriculture ou de la restauration d’œuvres d’art. Je ne suis pas experte en tout mais je peux apprendre beaucoup dans des domaines où mes outils de recherche peuvent être appliqués.

Crédits photo : Clémence Losfeld – Fondation L’Oréal

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