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17 mars 2025

Christian Poiret : "Je défends chaque jour le Nord et ses habitants"

2025 signe le mi-mandat de l'action du Conseil départemental. À cette occasion, nous avons interviewé Christian Poiret, président du Département du Nord. .

2025 est présentée comme une année charnière pour de nombreuses collectivités. L’est-elle aussi pour le Département du Nord ?

Cette année est en effet celle de toutes les incertitudes, encore plus pour le Département du Nord. Nous sommes un département hors norme, où tout est démesuré ! Nous avons 90 000 allocataires du RSA, 22 800 enfants confiés à l’Aide sociale à l’enfance, 600 000 personnes âgées de plus de 60 ans et près de 300 000 personnes en situation de handicap. Quand je parle à l’Assemblée des Départements de France, nous n’avons pas le même langage. L’ampleur des enjeux rencontrés dans le Nord est unique en France : c’est ce que je veux faire comprendre à notre Gouvernement, au président de la République, aux ministres successifs. Nous avons la volonté de faire, mais nous manquons cruellement de moyens. Nous demandons à l’État d’être au rendez-vous pour les habitants.

Vous réclamez régulièrement le soutien d’un "État fort qui respecte le Nord". Qu’est-ce que cela signifie pour le Département et ses habitants ?

La France est dans une situation particulièrement complexe, aux niveaux national et international. Les incertitudes liées à la vie politique deviennent chroniques et nous avons peu de visibilité sur les perspectives financières. Nous devons composer avec cela mais je ne peux m’y résoudre. Le Gouvernement doit comprendre et respecter le Nord. Je ne lâche rien, je défends chaque jour à l’échelle nationale, coûte que coûte, le territoire du Nord. Nous ne pouvons plus absorber de dépenses supplémentaires décidées unilatéralement à Paris, sans compensation financière.

Nous avons un budget de 3,9 milliards d’euros dont 78% sont consacrés aux solidarités humaines. Comment verser les allocations obligatoires, le RSA, l’APA, la PCH, si on nous assomme de dépenses nouvelles sans compensation ? La solidarité est notre ADN mais l’État doit nous verser l’argent qui nous est dû : à ce rythme-là, nous n'aurons pas la possibilité d'équilibrer le budget 2026.

À mi-chemin de ce mandat, quel bilan tirez-vous ? 

J’ai la volonté de faire encore plus pour les Nordistes. Nous avons une méthode, nous voulons protéger les Nordistes. C’est notre mission et nous la menons depuis le début de ce mandat. Aujourd’hui, nous pouvons être fiers de ce que nous avons réalisé sur cette première partie de mandat. Nos actions depuis 2021 ont un impact direct sur le quotidien des Nordistes : nous donnons de l’emploi, nous recrutons des médecins, nous favorisons leur mobilité, nous améliorons leur qualité de vie et tout cela en proximité.

Pour répondre à la demande forte en soins de proximité dans des déserts médicaux, nous avons ouvert des Maisons Nord Santé à Cuincy, Glageon et Landrecies, et bientôt à Feignies, Cappelle-la Grande et Quiévy. D’autres ouvriront en 2025 et 2026. Sur une seule année, nous avons enregistré 20 000 consultations et plus de 4 000 déclarations de médecin traitant ! Le besoin est réel et le Département est là pour y répondre. Par ailleurs, le Nord est durement touché, plus que partout ailleurs en France, par le cancer. C’est un sujet que nous devons prendre à bras-le-corps : cette année, notre Camion prévention santé sillonnera le Nord pour proposer des mammographies, du dépistage et faire de la prévention.

Face à l’augmentation du nombre d’enfants à protéger, nous avons créé des maisons d’enfants dans des logements de fonction vacants à proximité des collèges. Elles peuvent accueillir notamment lesfratries sans les séparer, c’est du concret !

L'emploi a aussi été une priorité depuis 2021 ?

Nous donnons de l’emploi aux Nordistes : à mon arrivée, le Nord comptait 103 000 allocataires du RSA. Aujourd’hui, ils sont 90 000. Nous continuerons à protéger celles et ceux qui ne peuvent pas retourner à l’emploi mais nous sommes pleinement mobilisés pour aider les Nordistes qui ont besoin d’un coup de pouce pour retrouver un job : c’est leur rendre la dignité, un pouvoir d’achat, des perspectives !

Nous ouvrirons prochainement un nouveau lieu d'accueil de la Maison départementale pour les personnes en situation de handicap (MDPH) à Lille pour faciliter l’accès des usagers. Nous continuons à travailler sur le vieillissement de la population. Nous luttons contre les violences intrafamiliales.

Les difficultés financières sont là, mais nous ne laisserons personne au bord de la route.

Dans ce contexte budgétairement très contraint, le Département sera-t-il en mesure de poursuivre sa politique d’investissement dans les territoires ?

Notre politique d’investissement est aussi un levier de solidarité. La rénovation des routes départementales, la réhabilitation de nos collèges, le soutien financier à nos communes et intercommunalités font vivre nos entreprises locales et créent de l’emploi pour les Nordistes.

Je pense au contournement nord de Valenciennes qui décloisonnera le territoire, au premier collège du Nord construit essentiellement en bois à Cambrai, aux contrats de performance énergétique dans quatre collèges de l’Avesnois, au doublement de la RD 70 ou encore aux travaux de la RD 642 à Renescure… Ils dynamisent notre territoire pour créer de l’attractivité et amener de nouveaux débouchés économiques. Ils améliorent le quotidien des habitants avec des routes sécurisées, avec des collèges modernes pour nos enfants, avec des équipements communaux que nous avons aidés à financer.

Nous sommes aussi présents dans les grands projets du Nord qui contribuent à la qualité de vie des habitants et au développement des territoires : le pacte pour la réussite de la Sambre-Avesnois-Thiérache dans le deuxième volet duquel nous avons investi 122 millions d’euros, l’engagement pour le renouveau du Bassin minier, le plan de prévention et de lutte contre la pauvreté, le plan de prévention et de protection de l’enfance, le Canal Seine-Nord Europe… Nous saisissons toutes les opportunités pour les Nordistes.

Avec des raisons d'être optimistes ?

Nous devons faire des choix difficiles mais tant que nous pourrons préserver les habitants, nous le ferons : la solidarité est l’ADN des Départements, plus encore dans le Nord. Avec les collaborateurs qui font un travail remarquable, avec les élus qui s’engagent quotidiennement dans les territoires, nous continuerons à porter la voix du Département auprès du Gouvernement pour obtenir les moyens de poursuivre nos actions de proximité et d’accompagner les habitants.

Crédits photo : Dominique Lampla

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