Culture | Flandre maritime
12 septembre 2024

Béatrice Duriez-Choquet, une artiste qui creuse des fenêtres

Plasticienne installée à Oudezeele, dans les Flandres, Béatrice Duriez-Choquet vit son art comme une expérience. Elle vous attend dans son atelier les 5 et 6 octobre prochains pour la partager avec vous à l'occasion des Portes ouvertes des ateliers d'artistes.

Quel est votre rapport à la création ?

Béatrice Duriez-Choquet : Mes traits, mes griffures, mes caresses en couleurs, c’est tout un chemin à parcourir pour exister, m’épanouir, rayonner. Mon bien-être passe par la création. Devant ma feuille blanche, ma toile vierge, ma plaque de zinc, je n’ai qu’une envie : y creuser une fenêtre !

Les fenêtres et les maisons sont omniprésentes dans vos créations. Que représentent-elles pour vous ?

B.D-C : Les fenêtres sont comme un cadre sur un mur aveugle. Elles sont une ouverture d’où je m’échappe, derrière lesquelles je me cache et me protège aussi. Les fenêtres me parlent des autres… On a tous notre cage dont on souhaite sortir un jour… Lumières, transparences, voilages, vitrines… que de fenêtre encore à visiter, à découvrir !

Quant aux maisons, chacune est une balade offerte au spectateur. Elles sont largement inspirées de la maison de famille de mes parents. Nous étions 7 à la maison. C’était mon paradis ! Quand je commence à dessiner, je ne sais jamais à quoi ressembleront mes maisons. Je raconte la vie d’un adulte avec ses difficultés et ses épreuves. En tant que plasticienne, j’aime explorer différents chemins et différentes matières.

Vous travaillez différents matériaux, pourquoi ?

B.D-C : Je suis bien avec moi-même et je n’ai pas besoin d'artifices pour exister. Par contre, être plasticienne, c’est essayer de nouvelles pistes artistiques. Quand je quitte un support, je pense déjà au suivant, comme si je rencontrais quelqu’un… Le zinc, la toile, le papier… Rencontrer une nouvelle matière c’est une aventure. On cherche mais on ne sait pas quoi. C’est génial ! On explore ses forces, ses faiblesses, ses réactions, c’est aussi une recherche du bien-être et un sentiment de liberté.

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Devenir artiste, c’était une vocation ?

B.D-C : Je suis née comme ça ! j’ai toujours voulu faire les Beaux-Arts mais mes parents tenaient à ce que je trouve un métier plus "classique" avant. En seconde, je suis rentrée dans une école de secrétariat à Dunkerque. La directrice m’a dit rapidement que je n’étais pas faite pour ça !

Je suis rentrée aux Beaux-Arts à 19 ans à Amiens. Puis j’ai eu 5 enfants en 8 ans. Nous habitions à Malo, près de la mer. Ensuite, nous avons dû quitter Dunkerque pour Amiens. Je pratiquais l’art en dilettante et travaillais comme animatrice en pastorale. Après mon licenciement en 2016, j’ai décidé qu’artiste serait mon métier !

J’ai décidé aussi d’aller vers ce qui me faisait du bien. J’ai entamé une formation en art-thérapie la même année à l’école des pinceaux de Paris. J’ai occupé la chambre d’une de mes filles partie pour ses études et j’ai travaillé tous les jours…

Pourquoi l'art-thérapie ?

B.D-C : Quand j’habitais Amiens, j’animais des ateliers d’arts plastiques en EHPAD (Établissement pour Personnes Agées Dépendantes). Cette expérience auprès des personnes âgées m’a révélée. Elle a été riche d’enseignements. J’ai aimé leur jeunesse, ils m’ont ouvert à l’abstraction. Ils me disaient qu’ils ne savaient pas dessiner, ils n’osaient pas, je leur répondais que l’important était de laisser une trace.

On vivait des moments forts, j’allais chercher leur jeunesse, leur spontanéité, je leur disais qu’ils avaient 20 ans dans leur tête ! Les corps se détendaient pendant les séances de dessin. Une Italienne me racontait son enfance, une autre dame me parlait de son jardin… Ces moments pouvaient paraître anecdotiques mais se révélaient finalement forts en émotions.

Portes ouvertes des ateliers d'artistes : prière d'entrer !

Béatrice Duriez-Choquet vous accueillera dans son atelier, 474 route des Trois Rois à Oudezeele les samedi 5 et dimanche 6 octobre de 10h à 12h puis de 14h à 18h. Retrouvez toute la programmation sur poaa.lenord.fr

Crédits photo : Cédric Arnould

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