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1 octobre 2024

Annie casse la baraque (à frites)

Les baraques à frites n’ont qu’à bien se tenir. Ce samedi 28 septembre, Annie Breisacher, habitante de Noyelles-lès-Seclin, est devenue la championne du monde de la frite familiale. Rencontre avec cette professeure retraitée, mamie de sept petits-enfants.

D’où vous vient cette passion de la frite ?

Annie Breisacher : Les frites, c’est sacré ! C’est un plat mythique du Nord et dans toutes les familles, on fait des frites. C’est un plat accessible à tous parce qu’il n’est pas très cher. Je me souviens quand j’étais petite, ma mère en faisait une fois par semaine. C’était la frite du samedi. J’ai perpétué cette tradition avec mes petits-enfants le mercredi. Ils m’ont toujours dit : Mamie, tu fais les meilleures frites !. C’est simple, les miennes sont moelleuses, croustillantes, soufflées et dorées. Je les coupe toutes à la main.

Pourquoi avez-vous choisi de participer à ce championnat du monde ?

A.B. : Pour faire plaisir à mes petits-enfants et les rendre fiers ! On a vu le championnat à la télé l’année dernière et ils m’ont dit qu’il fallait que je participe. Ils étaient tellement motivés que même ma fille qui habite à Toulouse m’a envoyé toutes les modalités d’inscription au mois de juin. Mais ce que je veux mettre en avant, c’est le bien manger et la cuisine familiale. Je vais chercher des pommes de terre fraiches à la ferme de Gondecourt pour faire vivre les activités locales.

J’ai appris que j’étais qualifiée pour la finale quand une journaliste de TF1 m’a appelée pour faire un reportage sur moi. En réalité, j’avais reçu un email deux heures avant et je n’avais pas encore eu le temps de l’ouvrir. 

Comment vous êtes-vous préparée après l’annonce de votre sélection ? 

A.B. : J’ai su que pour la finale, on me fournirait une plaque à induction mais chez moi, je fais des frites au gaz. Du coup je me suis entrainée chez ma fille. J’ai testé plusieurs sortes de pommes de terre la semaine qui précédait. Maintenant, mon mari n’en peut plus de manger des frites !

Sur place, comment avez-vous vécu cette expérience ?

A.B. : Les participants étaient très sympas, c’était bon enfant. On était six candidats retenus pour cette finale à Arras et j’étais la seule femme. J’y suis allée avec mon matériel personnel et mes 2 kg de pommes de terre lavées. Ça peut paraitre un peu vintage mais ma bassine à frites et son panier font partie de ma réussite.

J’ai tiré au sort mon ordre de passage. Heureusement, je suis passée cinquième, je ne voulais pas être la première ! Ma table était située juste en bord de scène donc tout le monde a pu me voir faire mes frites. Coup de chance, il y avait du soleil mais malchance, je ne voyais pas les graduations de la plaque à induction. Au début, j’étais perturbée mais après je me suis habituée en me cachant avec un plateau.

Pendant la préparation d’1h10, les membres du jury passaient entre les tables et posaient diverses questions. Je me disais : pourquoi ils viennent m’interroger maintenant ? Ce n’est pas le moment ! . J’étais concentrée mais mon mari qui m’accompagnait leur a répondu. Ma famille et des amis étaient aussi présents dans le public et ils avaient fait des pancartes «Vas-y mamie», «Allez Annie» à mon effigie. J’avais donc mes supporters.

Cette victoire a-t-elle changé votre quotidien ?

A.B. : Déjà, ma famille était très satisfaite et contente. Mon mari m’a quand même dit qu’il n’avait pas besoin d’avoir le résultat du championnat pour savoir que je faisais les meilleures frites. Il est d’ailleurs allé à la pharmacie hier et a récupéré le journal ce matin et tout le monde voulait que je leur concocte ma spécialité.

Quelle est votre recette secrète ?

A.B. : À titre personnel, j’utilise la pomme de terre Artemis. Après un premier bain dans l’huile d’arachide à 140°C, la phase de refroidissement est la plus importante. Il ne faut pas replonger des frites chaudes ou tièdes. C’est la différence de température qui crée la bonne texture de la frite. Et c’est reparti pour un deuxième bain à 160°C en secouant régulièrement les frites pour qu’elles soufflent et croustillent. Le secret, ça reste quand même mon tour de main.

Crédits photo : C. Arnould, L. Berthaud

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