Ce jeudi matin au pôle associatif Michelet à Lomme, les invités sont accueillis en musique. Derrière le clavier : Benjamin, alias Benji, adhérent de l'ADEPAPE du Nord, comme plus de 300 jeunes âgés de 18 à 25 ans et plus. L'ADEPAPE c'est comme la famille. Sans leur aide, je n'en serai pas là aujourd'hui. Alors c'est à mon tour d'en parler et de témoigner, de dire que rien n'est figé dans la vie, qu'il faut aller au bout de ses envies, raconte-t-il. 

Partage, écoute et soutien sont les mots-clefs de cette association qui accompagne depuis des décennies les personnes ayant connu un parcours en protection de l'enfance, que ce soit en famille d'accueil ou en maison d'enfants. 

Rejoindre un réseau d'entraide et de confiance

La salle se remplit petit à petit. L'un après l'autre, Benjamin, Romain et Christopher se présentent, évoquent leur parcours et ce que leur a apporté l'association : de l'aide dans les démarches administratives, dans la recherche d'un logement, d'un emploi… Et surtout : l'attention dont ils avaient besoin, le coup de pouce indispensable pour avancer dans leur projet de vie.

Après avoir obtenu mon CAP cuisine et le concours du meilleur apprenti cuisinier des Hauts-de-France, j'ai eu des moments difficiles. Finalement j'ai complètement changé de voie. L'ADEPAPE, et sa présidente Marie, m'ont aidé à rebondir. J'ai eu mon permis de conduire et je signe mon CDI demain ! À 20 ans, c'est plutôt pas mal ! se réjouit Christopher. 

Dans l'assistance, un groupe de filles, venu avec leurs référents de l'EPDSAE (Établissement Départemental pour Soutenir, Accompagner, Éduquer), s'interroge. Je ne connaissais pas du tout cette association ! J'étais en famille d'accueil et depuis peu, j'ai mon propre logement. Mon parcours est assez tracé mais avoir du soutien, des conseils de personnes qui ont vécu les mêmes choses, pourquoi pas, commente Soan, 16 ans. 

En finir avec les clichés

Vient l'heure du repas, un buffet convivial partagé entre adhérents, bénévoles et peut-être futurs membres. Les langues se délient, le soleil est de la partie, un temps idéal pour participer ensuite à des olympiades et créer du lien. Les temps d'échange, les sorties, sentir que l'on n'est pas isolé et enfermé dans son histoire, c'est l'un des moteurs de notre action. Nous sommes tous partis à Perpignan quelques jours, c'était fabuleux explique Marie Delerue.

Bénévole de longue date à l'association avant d'en devenir la présidente, Marie Delerue a elle-même connu l'aide sociale à l'enfance (ASE). Son engagement, ou plutôt son dévouement, est total.

Que ce soit à 15, 18, 20 ou 25 ans, ce dont ces jeunes ont besoin, c'est de l'amour et de l'affection. Je crois tellement en eux ! 

Le pouvoir d'agir, le droit de rêver. Parce que si être sortant de l'ASE n'est pas toujours facile à vivre rappelle Marie, l'avenir leur appartient. Romain, qui vient de trouver un appartement grâce à l'association, en est convaincu : il faut arrêter avec les clichés sur les enfants de l'ASE ! Être placé ne fait pas de vous un futur délinquant. Je suis vraiment reconnaissant envers tous ceux qui m'ont accompagnés, à l'ASE et à l'ADEPAPE. Je participe à beaucoup d'ateliers et de conférences pour en témoigner et je continuerai.