Conditionnement, contrôle qualité, restauration…: les compétences des 140 travailleurs de l’ESAT (Établissement et service d'aide par le travail) de Rocheville, situé à Croix et géré par les Papillons Blancs de Tourcoing-Roubaix, sont nombreuses. Parmi toutes ces missions assurées par ces Nordistes en situation de handicap, il y a aussi le façonnage de savons pour un laboratoire. 

En juin 2022, nous avons appris que le laboratoire comptait délocaliser sa production. C’est alors que nous avons eu l’idée de lancer notre propre gamme de cosmétiques solides. Nous partions de rien, tout était à construire !

L’idée a immédiatement séduit la direction des Papillons Blancs de Roubaix-Tourcoing et le projet a pris forme grâce à Aurélien Bayard et Justine Detourne, deux chimistes spécialisés en cosmétiques. Ils ont rejoint l’aventure début 2023. Avec eux à nos côtés, nous savions que nous pouvions tout affronter, sourit Laurent Deligny.

Le savon, un produit ancien en phase avec les préoccupations d'aujourd'hui

Parfums, design, couleurs, circuit de distribution, nom : tout a été longuement réfléchi et conçu avec soin. 

Le "Roche" du nom Rochemara est une allusion à Rocheville, le nom de l’ESAT. Quant à "Mara", nous l’avons choisi pour évoquer la mer, la nature et le bien-être. Le logo contient une bulle, clin d’œil à nos premiers produits, les savons. 

Le 13 novembre 2023, malgré l'incendie qui a ravagé les locaux quelques mois plus tôt, la première gamme de savons bio, solides et solidaires est lancée sous la marque Rochemara, juste à temps pour les fêtes de fin d'année. Nous avons commencé avec 4 savons, et l'ambition d'étoffer rapidement la gamme avec des baumes pour le corps, des déodorants et, à terme, du shampoing, explique Justine Detourne.   

À peine un an après son lancement, la gamme Rochemara a trouvé son public. Elle est aujourd’hui distribuée dans une centaine de points de vente (magasins bio, concept stores, pharmacies) et peut aussi être achetée en circuit ultra-court, directement à l'ESAT.

Un projet fédérateur

Si Laurent, Aurélien et Justine sont fiers du chemin parcouru, c’est aussi et surtout grâce à l’adhésion des travailleurs, visiblement ravis d’être les chevilles ouvrières de ce beau projet : Sans eux, rien ne serait possible !

Dans l’atelier, chacun est à son poste mais les rôles changent régulièrement. 10 travailleurs se succèdent dans la fabrication, 12 sont affectés au conditionnement et une vingtaine sont formés pour la vente. Tous sont animés par le projet : de Justin qui rabote le savon à la main à Carole qui assemble les boîtes en carton avec précaution. Ici tout le monde est fan des savons et les utilise au quotidien. Ils laissent la peau douce !, confirme Romuald dont la mission du jour est de tamponner la marque sur chacun des articles. 

En bout de chaîne, Amaury est chargé de ranger les savons dans des cartons, par lots de 6. Les travailleurs produisent jusque 400 savons par jour, mais on peut doubler ce chiffre en fonction des commandes, explique Justine. 

Outre son succès commercial, le projet fait aussi des émules en interne. Nombreux sont les travailleurs de l’ESAT qui souhaitent rejoindre l’aventure : Avec un peu de dextérité et d’envie, tout est possible !