Sport, Séniors | Valenciennois, Avesnois
7 janvier 2022
À 72 ans, Roselyne Leleu court toujours les marathons
De la muraille de Chine à New York, cette Nordiste parcourt le monde en courant depuis 57 ans. Ses baskets et ses ambitions sportives sont loin d'être rangées. Rencontre.
En septembre, sur la ligne de départ du semi-marathon de Windsor, elle avait le numéro 2328. Devant elle, 21km d'allées royales, de collines et le château anglais à l'arrivée. Je suis arrivée première de ma catégorie des plus de 60 ans
, prévient Roselyne Leleu. Fière. Elle a mis 1h57 et 11 secondes.
Chaque matin, c'est à Valenciennes qu'elle court entre 10 à 15km. Avant de rejoindre l'étang du Vignoble, elle passe par les pistes du complexe sportif Pierre Carous. J'y ai un ou deux souvenirs.
C'est là qu'elle a commencé à s'entraîner lorsqu'à 15 ans, elle s'est inscrite à l'Union sportive Valenciennes athlétisme. Avant, je courais surtout pour m'évader.
Elle est la 5e de 8 enfants et la seule sportive d'entre eux.
Depuis mes 15 ans, je n'ai jamais lâché la course. J'en ai besoin
Ses pieds l'emmènent loin. Très vite, elle devient championne des Flandres puis de France de cross. À l'époque, il n'y avait pas de longue distance pour les femmes.
Elle a un modèle en tête, Michel Bernard. Il était une génération au-dessus de moi. C'était quelqu'un de très humain et un grand champion.
Marathonienne et prof de sport
Elle devient professeure de sport au lycée Jeanne D'Arc d'Aulnoye-Aymeries. Il y avait chaque année, au programme, le fameux cycle d'endurance. On devait terminer par un 20 minutes. J'ai toujours compris les enfants qui n'aimaient pas courir, qui avaient du mal. Je venais courir à leur côté
. Et là, ils y arrivaient.
La course, c'est un sport qui rapproche les gens. Si on voit que quelqu'un est en faiblesse, on lui donne une petite tape sur l'épaule, on l'encourage. C'est un sport individuel mais on est en groupe.
Après que ses trois filles ont grandi, Roselyne Leleu renoue avec la course de compétition. Je me suis lancée dans les marathons et ça m'a plu.
Elle a 45 ans, elle enchaîne les kilomètres et les médailles.
J'ai couru celui de la muraille de Chine.
Elle arrive 1ère de sa catégorie. C'est magnifique, mais très difficile. Il y a tellement de marches à gravir.
Elle court, en 2001 quelques semaines après les attentats, le marathon de New York. On voyait encore de la fumée sortir des décombres. Les policiers, les pompiers étaient là pour notre sécurité, c'était très émouvant.
Elle court à Dublin, à Las Vegas, Berlin, Amsterdam, Chicago mais c'est Londres qui fait battre le cœur de l'athlète au-delà de ses 43 pulsations habituelles. On part de Greenwich et on passe devant tous les monuments londoniens avant d'arriver devant Buckingham Palace. Pour moi, le plus beau des marathons, c'est lui.
Elle en a aujourd'hui deux autres en tête : Boston et Tokyo. Il me les manque pour avoir la grosse médaille des majors, la Six Stars.
Elle attend la fin de la Covid-19 pour reprendre les compétitions internationales. Elle va patienter en 2022 avec les semi-marathons de Cannes et de Toulouse ainsi que les Foulées valenciennoises. La dernière fois que je les ai faites, c'était en 2000. Je faisais partie des bénévoles depuis.
À 72 ans, Roselyne Leleu a toujours l'esprit de compétition. Quand je vois que je bats encore des jeunes, ça me fait plaisir, c'est vrai.
Elle a aussi celui de l'entraide.
Trois "poulains"
Depuis deux ans, elle court pendant chaque vacances scolaires avec trois jeunes Valenciennois rencontrés durant les confinements. Ils faisaient du triathlon mais les cours s'étaient arrêtés. Leur papa m'a demandé s'ils pouvaient m'accompagner une fois. Ça s'est bien passé. On continue et je les vois grandir. J'aime transmettre ma passion. Ça fait du bien de faire du sport.
Les années n'ont aucun effet sur elle. Je n'ai mal nulle part. Dans ma tête, j'ai toujours 20 ans. Je vous le dis, faites du sport, ayez une vie équilibrée et vous verrez, ça va aller !
Crédits photo : Département du Nord -D. Lampla