Elles sont sept personnes âgées, venues d’Esquelbecq et ses alentours, à avoir répondu présent à la troisième séance d’art-thérapie proposée par Clémence Descamps. Deux heures de réflexion artistique et d’échanges avec la jeune femme pour poursuivre leur œuvre démarrée il y a maintenant un peu plus d’un mois.

Marie-Christine, Patricia, Jacqueline, Rose, Marie-Hélène, Brigitte et Patrice ont repris le pinceau le temps d’un après-midi pour donner une touche de couleur à leur travail. Ils ont également fait claquer les ciseaux pour découper quelques images clés, et offrir de la matière à leur projet. Ces personnes n’ont pas forcément pratiqué l’art dans leur vie, donc j’ai lancé des expérimentations, raconte Clémence Descamps. Au départ il fallait faire des choix de couleur, parce que l’art, c’est aussi faire des choix ! Grâce à ce premier travail, je leur ai demandé de créer quelque chose de plus personnel et de raconter une histoire en venant prélever dans des magazines des coups de cœur visuels.

Phosphor'âge, c’est l’autonomie par le lien, la prévention et le plaisir. À Esquelbecq, l’art-thérapie en est une belle démonstration : on crée, on partage, on sort de l’isolement. Le Département est fier de soutenir ces initiatives locales qui redonnent du sens au bien vieillir.

Chez les seniors, cette parenthèse inscrite dans leur semaine est un moment privilégié auquel ils participent avec beaucoup de plaisir. Je travaille sur la femme et la mère, autour de la maternité, détaille Marie-Christine. Moi, c’est Picasso qu’on m’appelle !, glisse Patrice dans un grand éclat de rire, avant de repartir promptement chez lui chercher des magazines spécialisés sur l'actualité maritime pour trouver les images qui correspondent à son projet. Ça détend, fait remarquer tout simplement Rose, ravie de ces instants d’évasion.

Phosphor'âge est un appel à projet lancé par le Département pour une période de deux ans. C’est déjà la troisième fois que la commune d’Esquelbecq y répond. En Flandre intérieure, notre village est le seul à se mobiliser sur cet appel à projet, explique Mathilde Romano, chargée de mission à la mairie d’Esquelbecq. Pour mettre en œuvre ses différentes interventions, la commune reçoit chaque année une subvention. Pour la période 2025-2026, ce sont 22 000 € qui seront versés par le Département, soit deux fois 11 000 €.

Des sourires et du partage

Tous les participants aux ateliers d'art-thérapie s'accordent pour dire que les deux heures passent trop vite. Cet après-midi-là, elles seront d'ailleurs allègrement dépassées. Mais Clémence Descamps ne regarde pas sa montre. Elle distille ses conseils à chacun, prend le temps de commenter et de donner son avis sur chaque projet. Les gens arrivent, ne savent pas ce qu’ils font là, ne savent pas ce qu’ils vont faire, il peut y avoir la crainte de ne pas y arriver, et au final on est fait pour ça, tout le monde est fait pour créer, résume-t-elle. Je vois des gens sourire, alors qu’ils n’ont jamais fait ça de leur vie, c’est magnifique !

Ce cycle d’art-thérapie, inclus dans un programme plus vaste développé sur une année, est complété par d’autres cycles et rendez-vous. Il s’agit d’ateliers de prévention de perte d’autonomie. Ici, on alerte sur le risque, on insiste sur la santé, mais l’idée, c’est aussi de faire sortir les gens, de créer du lien social, et de les inviter à rejoindre des structures de loisirs pour rompre avec l’isolement, précise Mathilde Romano.