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22 novembre 2022

Movember : faire plus pour le dépistage des cancers masculins

Chaque mois de novembre depuis 2003, les hommes sont invités à se laisser pousser la moustache afin de sensibiliser l’opinion publique sur les principaux cancers masculins. Quels sont les signes précurseurs ? Pourquoi faut-il se faire dépister ? Christophe Decoker, médecin et directeur adjoint à la prévention santé au Département, répond à nos questions.

Pourquoi est-ce important de sensibiliser les hommes sur les cancers de la prostate et des testicules ?

Dr Decoker : La vision de la prévention chez l’homme, en général, est différente de celle de la femme. Cette dernière est souvent beaucoup plus à l’écoute de son corps. Si je prends le cas de la prostate, il s'agit en plus d'un organe situé juste en dessous de la vessie, donc difficile d’accès. Le dépistage se fait notamment par un toucher rectal. Ça peut expliquer les raisons pour lesquelles la sensibilisation des hommes est moindre. De plus, il n'y a pas de dépistage organisé des cancers masculins.

Il y a un côté tabou d’une certaine manière…

Dr Decoker : Ce qui fait tabou est de l'ordre de la peur et surtout de la pudeur, comme tout ce qui touche à la santé sexuelle dans notre société. En fait, il y a peu de lieux où on peut parler librement de sa santé sexuelle. Mais pour cela, le Département a mis en place une offre de consultations dans les Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles (CeGIDD) situés dans ses Services prévention santé (SPS). Les patients peuvent alors être orientés vers une prise en charge spécifique si le médecin du SPS la juge nécessaire. Maintenant, il y a aussi le Camion Nord Santé Prévention qui va sillonner le territoire. Même si on y fait un focus sur les cancers féminins, on pourra également y promouvoir le dépistage des cancers masculins.

Le Camion Nord Santé Prévention fait une halte à Anzin le 29 novembre

La mission de ce nouveau service du Département est simple : rappeler l'importance de prendre soin de sa santé, évoquer sans tabou les différents cancers et surtout découvrir les gestes de prévention.  Autour d'un café, vous pourrez échanger de 10h à 16h, sans rendez-vous avec une infirmière et une assistante sociale du SPS, une sage-femme du centre de santé sexuelle de Valenciennes ainsi que l'association EMERA qui accompagne les malades du cancer et leurs proches. Chacun et chacune est le bienvenu(e). Ce temps d'échange est gratuit et anonyme.

Qui est concerné par ces deux cancers ?

Dr Decoker : Dans le cas de la prostate, cela touche les hommes d'âge mûr avec un pic diagnostic constaté vers 70 ans. Ceci dit, on conseille le dépistage dès 50 ans. Il faut savoir que ça reste un cancer lent d’évolution, dont la prise en charge est très bonne dans notre pays. Moins fréquent, le cancer des testicules touche principalement l'homme jeune.

Quels sont les signes qui doivent alerter ?

Dr Decoker : le cancer de la prostate est assez insidieux, il se développe sans signes spécifiques. Parfois des signes urinaires (difficultés pour uriner, on vient à se lever plusieurs fois la nuit) peuvent être en rapport avec un cancer. De toute façon, dans ces situations, il vaut mieux consulter son médecin traitant. Pour le cancer des testicules, il s'agit d'une masse, une déformation, une gêne ou une douleur testiculaire.

En quoi consistent les deux dépistages ?

Dr Decoker : Dans le premier cas, comme évoqué précédemment, le dépistage consiste en un toucher rectal et un dosage sanguin du PSA (Prostate specific antigen), dont l’augmentation peut être en relation avec une anomalie de la prostate. Cela se fait chez le médecin traitant ou chez un spécialiste pour évaluer les risques, et poser un premier diagnostic. Après, on conseille de le faire tous les trois ans. Dans le second cas, l’autopalpation testiculaire régulière permet de repérer une éventuelle anomalie. Le cas échéant un avis spécialisé doit être demandé.

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Christophe Decoker, médecin et directeur adjoint à la prévention santé du Département du Nord.

Quelles sont les chances de guérison ?

Dr Decoker : Découverts précocement, ces deux cancers sont généralement de bon pronostic. Pour le cancer de la prostate, qui est le premier cancer chez l’homme, on a de très bons résultats avec la chirurgie, la radiothérapie et l'hormonothérapie. Le cancer des testicules se traite d'abord par la chirurgie qui peut être complétée par de la chimiothérapie et de la radiothérapie.

Comment bénéficier d’une consultation ?

Vous avez des questions concernant votre santé, la prévention des cancers, les dépistages... ? Un rendez-vous peut être pris au Service prévention santé le plus proche de votre domicile pour obtenir des informations, des conseils ou une orientation.

De 8 h 30 à 12 h 30 et de 13 h 30 à 17 h 30 

Crédits photo : C. Arnould

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