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27 janvier 2020

Lili Keller-Rosenberg, infatigable témoin

Découvrez le témoignage poignant de la Lilloise Lili Keller-Rosenberg. Cette grande dame, l'une des dernières rescapées de la Shoah, continue inlassablement à intervenir auprès des nouvelles générations. Elle a donné son nom au nouveau collège d'Halluin.
[Lili Keller-Rosenberg] C'est une immense fierté et je suis surtout très heureuse, vous voyez, je tenais en accord avec mon mari, j'en ai discuté avec mon mari qui n'a pas souffert fort heureusement de la guerre, je lui ai dit "je souhaite que ce soit au nom, à mon nom de jeune fille, au nom de mes parents ce collège". Ce sont mes parents qui ont souffert, maman qui nous a sauvés, c'est elle qui nous a ramenés des camps tous les trois. Papa est décédé. Il fallait que leur nom apparaisse. Ça a été accepté également et donc je suis si fière ! Mon dieu, si mes parents pouvaient être-là pour voir ça, comme ils seraient heureux et fiers également, je le suis et je suis si contente que ce soit dans un collège, pour des élèves parce que justement ma mission, ma vie je la consacre aux élèves pour que plus jamais de telles horreurs ne puissent se reproduire. C'est pas facile vous savez de toujours témoigner, toujours se remémorer ce passé que l'on ne peut oublier, certes. Mon mari me disait toujours au début "arrête, tu te fais du mal". Je disais "tu as raison", mais dès qu'il y a une demande, je ne peux faire autrement que de dire présent. Pour moi c'est indispensable de témoigner, de rencontrer le plus grand nombre de jeunes élèves possible pour que je leur explique les horreurs de la guerre. Il ne faut plus de guerre, tous ces morts inutiles, je dois parler également au nom de tous ces pauvres millions déportés qui ne sont pas rentrés et donc ma tâche est ardue. Je témoigne sans fin. Je demande aux jeunes surtout d'être vigilants. Je leur dis "les enfants, tout peut revenir de façon différente bien entendu mais le mal est partout. Il faut que vous soyez vigilants". Je leur demande surtout de combattre le racisme. Le racisme est un fléau à notre époque, il faut à tout prix le combattre, combattre évidemment encore l'antisémitisme qui malheureusement perdure et combattre la xénophobie, la haine de l'étranger. Je leur demande d'être tolérants : "les enfants soyez tolérants, acceptez-vous les uns les autres avec vos différences. Ces différences vous enrichissent." Vous savez, je vais parfois dans des établissements très mélangés et je dis aux élèves "les enfants que l'on soit noir ou blanc, que l'on soit juif, catholique ou musulman, n'est-on pas avant tout des êtres humains ? Nous sommes tous faits de la même façon. Nous devons nous supporter avec nos différences qui nous enrichissent et les élèves le comprennent si bien. Vous savez, je reçois des lettres merveilleuses d'élèves qui me le font savoir. Ces élèves savent s'exprimer. Ils ont de la sensibilité. Ces lettres sont vraiment très belles et ce sont ces lettres qui m'aident à poursuivre.

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