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5 mars 2025

Expo : les femmes françaises face au suffrage universel

Pour le 80e anniversaire des premiers pas dans l'isoloir des femmes françaises, les Archives départementales du Nord accueillent une expo de l'Institut d'histoire du temps présent : "Les femmes vont voter, octobre 1944-octobre 1945". Voici cinq infos clés pour comprendre ce rendez-vous.

Un droit pour un sacrifice

Le droit de vote accordé aux femmes le 21 avril 1944 n'est pas présenté par les nouvelles autorités comme le fruit d'une conquête ou d'une inégalité à réparer. D'après le gouvernement provisoire, si les femmes peuvent se présenter à l'isoloir, c'est en raison de leur sacrifice et de leur participation à la guerre. À noter que les futures électrices ne sont pas inscrites sous leur nom d'épouse, comme l'auraient voulu les usages de l'époque, mais sous leur nom de jeune fille.

1945 : année historique

L'émancipation des femmes est une revendication déjà ancienne du mouvement ouvrier, et c'est le militant communiste nordiste Fernand Grenier qui est à l'initiative de l'ordonnance du 21 avril 1944. Dans son article 17, celle-ci institue le droit de vote et d’éligibilité des femmes françaises. La plupart d'entre elles votent pour la première fois le 29 avril 1945 lors des élections municipales. Le second tour a lieu le 13 mai 1945. Mais la France est toujours en guerre, et tous les territoires ne sont pas libérés. En réalité, les premières élections auxquelles les femmes françaises participent, s’étalent du printemps à l’automne 1945.

  • 1/2 - Le service des Archives a complété l'exposition avec un certain nombre de documents qu'il possède, afin d'apporter un éclairage départemental sur le sujet.
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C’est par une ordonnance du Comité Français de Libération Nationale du 21 avril 1944, signée par le Général de Gaulle, qu’est donné officiellement aux femmes majeures, sans restriction, le droit d’être élues et électrices."

Martine Arlabosse, vice-présidente en charge de la culture et de la communication institutionnelle 

Les femmes créent la surprise

Le vote des femmes constitue une nouveauté marginale pour de nombreux observateurs. Mais en 1945, la majorité d’entre elles exerce leur droit civique, infirmant les stéréotypes sexistes qui pronostiquaient qu’elles s’abstiendraient en masse en raison d’une nature supposée indifférente aux affaires publiques et au débat politique. Les candidates issues de l'Union des femmes françaises (UFF) - affiliée au mouvement communiste - sont les plus nombreuses aux élections municipales de 1945, et elles représentent la majorité des nouvelles élues.

Aux urnes, citoyennes !

Dès novembre 1944, la presse relaie les craintes du gouvernement provisoire de voir les femmes refuser de s’inscrire ou de voter. L’abstention massive des femmes serait un échec pour l’édification de la « France nouvelle », selon ce même gouvernement. Comme les femmes ne sont pas supposées être politisées, la presse féminine fait appel au sens moral de la femme, et pour encourager le vote, elle publie régulièrement des articles pédagogiques.

Une timide entrée dans la vie publique

Entre voter et se porter candidates aux élections, il y a un pas. Les femmes candidates en 1945 sont souvent des militantes de longue date dans les associations ou les partis politiques, engagées dans la Résistance pendant la guerre. Parmi les femmes qui se présentent aux élections législatives d'octobre 1945, nombreuses sont celles porteuses d'un nom d'un mari qui résonne : Gilberte Brossolette, Eugénie Eboué-Tell, Mathilde Péri. Leur rôle dans la Résistance est d'ailleurs souvent effacé au profit de leur mari. Mais elles sont peu nombreuses à être élues : la première Assemblée nationale constituante ne compte que 33 femmes sur 586 députés. Un autre combat débute alors, celui de la parité.

Découvrez l'expo "Les femmes vont voter, octobre 1944-octobre 1945" jusqu'au 29 avril 2025. Du mardi au jeudi de 9 h à 17 h, et le vendredi de 9 h à 16 h, aux Archives départementales du Nord, 22, rue Saint-Bernard à Lille. Gratuit.

Conférence et lecture de documents

Les Archives départementales du Nord reçoivent, le vendredi 21 mars à 18 h 30, Marie-Noëlle Grimaldi, journaliste chez France 3 Hauts-de-France, qui animera une conférence intitulée, "Une femme, une voix. Il y a 80 ans…" Elle sera accompagnée de correspondants départementaux de l’Institut d’histoire du temps présent à l’origine de ce travail. Des élèves du Conservatoire de Lille prêteront leur voix pour la lecture de documents d’archives.

Crédits photo : Jean-Baptiste Allouard

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