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17 février 2025

Handicap : quand nos clubs sportifs s'ouvrent au plus grand nombre

Dans le Nord, des clubs sportifs de plus en plus nombreux se mobilisent pour être en mesure d'accueillir des pratiquants en situation de handicap. Avec le dispositif Club inclusif, ils sont accompagnés dans cette démarche par le Comité paralympique et sportif français et le Département du Nord.

Candy Gousset a découvert la pratique du tir à l’arc à Berck-sur-Mer, en centre de rééducation, après un grave accident de voiture en 2012. Quand en 2023, elle a décidé de suivre son compagnon sur la métropole lilloise, son premier réflexe a été de chercher un club qui lui permette de poursuivre sa passion développée sur la Côte d’Opale. Je voulais trouver un club normal qui puisse m’accueillir, pour pouvoir m’intégrer à la société, et avoir une activité physique comme tout le monde, explique la jeune femme.

C’est tout naturellement qu’elle est arrivée à l’Entente Saint-Sébastien Loos (ESSL), dans la banlieue lilloise. Pour notre interlocutrice, ce club de tir à l'arc cochait toutes les cases pour progresser dans la discipline. Plus qu’une place handicapée pour se garer sur le complexe sportif Henri-Gomanne et un ascenseur pour rejoindre le pas de tir situé à l’étage, Candy Gousset a surtout fait connaissance avec des dirigeants et des entraîneurs sensibilisés au handicap, grâce au dispositif Club inclusif. Ce programme d’accompagnement des clubs a été lancé fin 2022 dans le cadre des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.

On a fait le constat qu’il y avait une forte volonté des clubs d’accueillir un public en situation de handicap, mais les dirigeants étaient souvent désemparés par manque d’outils et de connaissances, développe Jérémy Houbeaut, référent Hauts-de-France pour le Comité paralympique et sportif français. Il s’agissait aussi de lever les freins, distance, mises aux normes et regard, par rapport à des a priori, et de dédramatiser l’accueil d’un public para, jeune et moins jeune.

Après un été 2024 où quasiment toute la France était ''hors-sol'' pour célébrer les plus grands artistes du monde sportif à Paris, il était primordial, voire incontournable pour une collectivité comme le Département dont l’ambition première est la solidarité, de poursuivre cette merveilleuse aventure des Jeux olympiques et surtout paralympiques. À travers le dispositif Club inclusif qu'il soutient, le Département encourage tous les Nordistes en situation de handicap à pousser la porte d’un club ayant suivi le programme piloté par le Comité paralympique et sportif français (CPSF), avec le concours de la Fédération française handisport (FFH) et la Fédération française du sport adapté (FFSA).

François-Xavier Cadart, vice-président aux Sports et à la vie associative
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"Acquérir les bons réflexes, les bonnes postures"

La politique inclusive et solidaire portée par la délégation handicap se veut transversale, et trouve tout son sens dans le partenariat porté auprès des clubs inclusifs. En terme de solidarité, d'accès au sport pour tous, de sensibilisation, d'éducation, c'est l'inclusion au sens large qui est abordée et rendue opérationnelle pour toujours mieux accompagner les Nordistes.

Sylvie Clerc-Cuvelier, vice-présidente en charge du Handicap

Au club de tir à l’arc de Loos, Carole Lemort, présidente et entraîneuse, et Laurent Poissonnier, entraîneur également, ont suivi cette formation non certifiante à Cambrai. Elle se matérialise par un mix entre la théorie et la pratique autour des handicaps quels qu’ils soient, tout en intégrant les dimensions sportives et sociales, détaille Jérémy Houbeaut. Il s’agit d’acquérir les bons réflexes et les bonnes postures, sans oublier l’aspect ressources qui permet aux clubs d’obtenir les financements auxquels ils ont droit dans ce cadre.

Dans le Cambrésis, la présidente et son encadrant ont rencontré d’autres dirigeants et éducateurs, et ont travaillé sur des séances ludiques et adaptées pour des personnes en situation de handicap, raconte Carole Lemort, déjà formée au para-tir par sa fédération. Hormis Candy Gousset, l’Entente Saint-Sébastien Loos accueille également depuis la rentrée Mattéo, malentendant, et Eliott, marqué par des troubles de l’attention. Avec Eliott, par exemple, ça n’a pas toujours été facile, mais on a pu s’appuyer sur ce qu’on a appris, et ses troubles ont fortement diminué, souligne la responsable. C’est devenu un passionné de tir à l’arc !

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Candy Gousset peut profiter des conseils de Franck Carpentier, encadrant fédéral.

À ce jour, 14 sessions de ce type, entièrement prises en charge par les collectivités, ont déjà été réalisées dans la région. 140 clubs, toutes disciplines confondues, ont été sensibilisés sur le sujet du handicap. D’ici juin, six nouvelles sessions sont prévues - notamment à Marcq-en Barœul et à Villeneuve-d'Ascq -, ce qui fera 180 clubs au total, précise Jérémy Houbeaut.

Quant à Candy Gousset, elle a, depuis, disputé ses premières compétitions chez les valides, et s’est même hissée sur le podium à Villeneuve-d’Ascq en novembre dernier. Avec Candy, je ne fais pas de différence, c’est une archère qui tire comme les autres, et c’est un plaisir d’emmener tout ce petit monde en compétition, handicap ou pas, insiste Franck Carpentier, encadrant fédéral au club loossois. Je prends énormément de plaisir, parce que je progresse, je suis les entraînements comme les autres, je n’ai pas l’impression de bénéficier d’un traitement de faveur, et j’ai repris goût à la vie, tout simplement, conclut l'adhérente.

Comment s’inscrire à une session de formation ?

Vous êtes dirigeant ou encadrant dans un club sportif, et vous souhaitez faire profiter votre structure du dispositif Club inclusif ? Rendez-vous sur club-inclusif.fr, cliquez sur l’onglet "club", activez le menu déroulant jusqu’à la fiche d’inscription, et enregistrez-vous. Vous serez alors contacté dès qu’une session sera lancée près de chez vous. Sur cette même page, vous pouvez également prendre connaissance des formations à venir dans les différentes collectivités.

Crédits photo : Philippe Houzé

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