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17 octobre 2021

Apaiser les personnes fragiles grâce à la réalité virtuelle

Une capsule immersive pour apporter détente et évasion aux personnes fragiles? C'est ce que propose l'entreprise du Douaisis Virty Sens. Un outil particulièrement adapté aux résidents des maisons de retraite, comme celle des Orchidées à Croix.

Elle est un peu étrange, cette capsule immersive sur roulettes sous laquelle prend place Myriam Dubois, 91 ans. Mais la nonagénaire n'en est pas à son premier essai : j'adore l'utiliser ! J'aime bien faire la balade à la plage, ça me rappelle mon voyage de noces en Corse. 

Cette fois-ci, pour la résidente de l'Établissement d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) les Orchidées à Croix, ce sera une visite de Paris. Progressivement, Myriam se détend. Elle est sur le Champ de Mars. Ressent le vent sur sa joue. Ecoute l'accordéon. Admire la Tour Eiffel. Puis se déplace jusqu'au jardin des Tuileries : ça sent bon les fleurs !  

Cet outil innovant, créé par l'entreprise Virty Sens, fait l'unanimité parmi ses utilisateurs et au sein de l'équipe professionnelle. 

Un moment de détente qui libère la parole

Très sensibilisé à l' approche non médicamenteuse pour apaiser les personnes fragiles ou avec des troubles cognitifs, L'EHPAD est depuis plusieurs années à la recherche de solutions innovantes.

Nous avons déjà expérimenté l'espace Snoezelen, les lunettes de luminothérapie et testé la réalité virtuelle avec des masques. Mais c'est le côté multisensoriel et l'adaptabilité de la capsule immersive qui nous ont convaincus

Magali Pezin, directrice des Orchidées

Tous les professionnels - ergothérapeute, animateurs, aides soignants mais aussi personnel de restauration - l'ont testée... et approuvée ! Avec le soutien financier du Département, la résidence a donc opté pour une location d'un an. 

Plusieurs programmes de durées différentes sont disponibles, en fonction du besoin de la personne et de ses envies. Si pendant une activité un résident me parle des animaux qu'il avait chez lui, on en discute en équipe et on pourra par exemple lui proposer une séance avec les chiens et les chats   commente Julien Bucquet, ergothérapeute. Tous les programmes sont étudiés pour apporter une immersion douce et modulable, de manière à ne pas générer de maux de tête.

Ce qui fait le succès de la capsule c'est aussi sa simplicité d'utilisation : pas besoin de connexion réseau. Le casque de réalité virtuelle, synchronisé à cinq boîtiers, est piloté grâce à la tablette où l'on sélectionne les séances. La structure sur roulettes peut se placer sous un fauteuil ou un lit. La tablette permet de contrôler ce que voit la personne. Nous allons aussi développer une utilisation collective. Souvent après une séance, les résidents sont heureux et nous racontent leurs souvenirs. Là ils pourront les partager ensemble indique Corine Laloux, animatrice.

Un projet innovant avec des bénéfices réels pour la santé

Six années de recherche ont été nécessaires pour mettre ce projet sur pied. À l'origine, le souhait d'un homme : Xavier Melin, papa d'une petite Lilou, atteinte d'autisme.

J’ai eu l’idée de créer cette solution immersive pour ma fille. L'utilisation d'un casque de réalité virtuelle avait un effet apaisant sur elle alors pourquoi pas sur d'autres personnes fragiles ?

Xavier Melin, fondateur de Virty Sens

Accompagné par les équipes d’Euratechnologies puis par celles d’Eurasanté avec le soutien du Département, il fonde Virty Sens et installe son atelier à Somain, dans le Douaisis.  Nos capsules sont développées avec une sophrologue-psychologue et une psychomotricienne pour offrir des expériences adaptées à tous.

Depuis le lancement en juin 2020, une vingtaine d’appareils ont été fabriqués et installés en France et en Belgique dans des EHPAD, des instituts médico-éducatifs et des maisons d’accueil spécialisées. Un dispositif VirtySens équipe également un service de soins palliatifs du Centre Hospitalier Universitaire de Lille, suite à des tests ayant démontré un effet notable sur la perception de la douleur. 

Crédits photo : Cédric Arnould

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