Jeunesse Éducation | Cambrésis
16 février 2020
À Neuville-Saint-Rémy, un village pour accompagner les fratries en danger
Neuville-Saint-Rémy accueille le second village d'enfants SOS de France, créé en 1962. Son objectif : permettre à des frères et sœurs confiés aux services de protection de l'enfance de grandir ensemble, dans un cadre bienveillant et sécurisant.
Pour les frères et sœurs, la journée a été bien remplie. Lilou a réalisé des moulages au Labo à Cambrai et Mattéo a bien joué. Erwan dépose son sac et file à la maison commune pour un baby foot avec les copains. Pour les autres, ce sera jus de fruit et chausson aux pommes, puis les devoirs.
Un jeudi après-midi, 17h. Erwan,12 ans, Dorian, 9 ans, Lilou, 8 ans, Maéva, 6 ans et le petit dernier Mattéo, 4 ans, rentrent chacun leur tour de l'école.
Une soirée tranquille à la maison. Ou plutôt au pavillon, comme on l'appelle dans le Nord.
9 pavillons comme celui-ci composent ce lotissement, intégré au cœur de la commune, construit autour d'une grande aire de jeux et à deux pas de l'école primaire.
Comme dans les 17 villages d'enfants SOS existants en France, 50 enfants âgés ici de 6 mois à 20 ans retrouvent affection, éducation et stabilité.
Grandir ensemble dans un cadre familial
SOS Villages d’Enfants France est une association créée en 1956 dans le Nord. Elle participe à la mission de protection de l’enfance en France et dans 23 pays dans le monde.
Le premier village a avoir ouvert est celui de Busigny et le second, celui de Neuville-Saint-Rémy, en 1962. Le troisième sur le territoire du département du Nord se situe à Marly et date de 1963.
L'association accompagne des frères et sœurs en danger dans leur famille, après que le juge a décidé de leur placement.
Grâce à une collaboration efficace avec les services de l'aide sociale à l'enfance du Département, les fratries pour lesquelles un placement longue durée est envisagé et dont les relations fraternelles constituent une ressource d'épanouissement pour chaque enfant sont identifiées.
La spécificité du village est de permettre aux fratries de grandir ensemble, autour d'un adulte référent, d'une figure d'attachement stable
Au pavillon d'Erwan, Dorian, Lilou, Maéva et Mattéo, c'est Céline, éducatrice familiale, et Cathy, aide familiale, qui tissent ce lien. Elles vivent au quotidien, de jour comme de nuit, avec les enfants. Céline est présente pendant 21 jours et Cathy la seconde pendant 10 jours.
Quand Mattéo est arrivé, il avait 9 mois
, se souvient Céline. Nous avons assisté à ses premiers pas
complète Cathy. Jour après jour, elles apportent des repères et de l'amour, beaucoup d'amour, tout en respectant leur histoire familiale.
Les visites des parents, lorsqu'elles sont autorisées, ont lieu à la maison commune, qui accueille également les rencontres de l'équipe du village. Le pavillon est un lieu de sécurité affective pour les enfants, c'est leur maison. Nous préservons ainsi leur environnement
, précise Cédric Bigourie.
Accompagner les adultes de demain
Pour les dépenses de la vie quotidienne, courses, vêtements, sorties, activités sportives, et pour les vacances, Céline et Cathy disposent d'un budget mensuel et d'une voiture.
Mais ce n'est pas tout. Les enfants ont accès à un accompagnement spécifique en fonction de leurs besoins. La psychologue du village d'enfants a notamment mis en place avec Mattéo une thérapie par le jeu et teste la méthode EMDR (de l'anglais : Eye Movement Desensitization and Reprocessing), qui permet grâce au mouvement des yeux de réguler la mémoire émotionnelle et de se libérer des souvenirs traumatiques.
Avec le programme Pygmalion, un éducateur est chargé dans chaque village d'enfants SOS du suivi scolaire des enfants en lien avec les établissements scolaires et l'équipe du village. Une place importante est également accordée à la pratique sportive avec le PEPS (Programme d’Épanouissement Par le Sport).
Le fonctionnement des villages est assuré par des fonds privés et publics. Aujourd'hui, plus de 90% du financement d'un village d'enfants SOS en France est réalisé par les Départements.
La durée moyenne de placement est de 7 ans. Mais dans la majorité des cas, les enfants grandissent ici. Pas question alors de les laisser se débrouiller seuls une fois majeurs.
Nous les accompagnons jusqu'à ce qu'ils soient pleinement autonomes
, explique Cédric Bigourie. Qu'il s'agisse des études, du logement, du permis, les liens et le suivi ne sont pas rompus. Une fois grands, il arrive fréquemment que les "anciens" viennent rendre visite ou passer les fêtes de fin d'année au village.
D'ici l'été, un nouvel espace rejoindra le lotissement : un service d'accueil familial immédiat. Cet hébergement d'urgence offrira 5 places supplémentaires et permettra d’accueillir des fratries immédiatement, sans avoir à les séparer pour les réunir ensuite.
Crédits photo : Département du Nord - Philippe Houzé