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1 février 2022

2 février 1914 : Olympe Demarez, première avocate du Nord

Devant la cour d'appel de Douai, le 2 février 1914, Olympe Demarez obtient le droit de revêtir la robe noire des avocats. C'est une première dans le Nord.

La destinée d'Olympe Demarez a été des plus remarquables.

Née le 27 janvier 1878 à Catillon-sur-Sambre, dans le hameau de Rejet-de-Beaulieu, dans le Cambrésis, elle est née dans une famille modeste. Fille d'un garde-chasse et d'une journalière, Olympe est bonne élève et obtient son certificat d'études en 1890.

Elle souhaite travailler dans le monde de la mode mais ses parents la pousse à poursuivre ses études. Huit ans plus tard, elle devient institutrice à Grand-Fort-Philippe.

Illustration. <br>
Olympe Demarez prête serment le 2 février 1914. 

Droit devant

En 1902, Olympe Demarez prend en charge une classe dans une école de Dunkerque, mais le droit la titille. À tel point qu’elle quitte l’enseignement et se fait embaucher comme secrétaire par Charles Valentin, un jeune avocat dunkerquois.

Nous sommes alors en 1908. Elle a 30 ans. En 1913, Olympe Demarez décroche une licence de droit, puis, le 2 février 1914, c’est le jour J. Sous les ors de la cour d’appel de Douai, elle prête le serment d’avocat.

Elle devient alors la première avocate du Nord, 14 ans après Olga Petit, première avocate de France. Mais elle n’exercera pas souvent son nouveau métier… 

Au service de son futur mari...

En effet, depuis quelques années, Olympe s’est rapprochée de son employeur, Charles Valentin. Les deux avocats sont amants.

Charles s’est tourné vers la politique et devient conseiller départemental à Gravelines. Après la Première Guerre mondiale, Olympe sacrifie quelque peu sa carrière d’avouée pour soutenir les engagements politiques de son compagnon, lequel sera élu maire de Dunkerque en 1925. Il deviendra même député en 1936.

Le couple, efficace, intelligent, est très honorablement respecté en Flandre. Hélas, le 22 septembre 1939, un drame vient briser cette étonnante trajectoire. Charles Valentin décède des suites d’un accident de voiture.

Olympe rentre alors à Rejet-de-Beaulieu.où elle y restera durant la Seconde Guerre mondiale. À la Libération, elle revient à Dunkerque et s’occupe de la réorganisation des archives municipales. Elle y décédera le 5 septembre 1964.

Mariés quelques heures avant la fin

Le 20 septembre 1939, Charles Valentin a rendez-vous à Paris. Il doit prendre le train à Lille mais est en retard. Il s'installe à bord de la voiture Delage, achetée auprès des héritiers de Jean Mermoz, le célèbre aviateur, par Jean Pick, commerçant dunkerquois. Ce dernier est au volant. Au lieu-dit du Calvaire, à Lomme, la berline heurte violemment un tramway. Charles Valentin est gravement blessé et est transporté à l'hôpital Calmette de Lille où il est opéré d'une fracture du crâne par l'illustre professeur Oscar Lambret. En vain. Le 22 septembre, sur son lit d'hôpital, il épouse Olympe Demarez, quelques heures avant de mourir. 

Crédits photo : Archives ville de Dunkerque. Fonds Charles Valentin.

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