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5 janvier 2023

"Pendant le carnaval de Dunkerque, nous défendons nos traditions tout en nous amusant"

Chaque année lors de la bande de Dunkerque, ils distillent leur bonne humeur contagieuse à l’ensemble des carnavaleux. Aussi connus que les géants du Nord, complices à la scène comme à la ville, le tambour-major Cô Boont’che (Pascal Bonne) et sa cantinière Chouyoutte (Véronique Tirmarche) ont accepté de nous révéler les secrets de leur duo bien rodé et malicieux.

Vous êtes des symboles du carnaval et plus particulièrement de la bande de Dunkerque. Quel est votre premier souvenir du carnaval ? 

Chouyoutte : J’ai connu le carnaval en classe de maternelle. J’ai le souvenir d’un déguisement réalisé en toile de jute. Dès le départ j’ai adoré ça. Il faut dire que c’est une tradition familiale ! Plus tard, j’ai accordé une très grande importance au maquillage dans mes clet’ches (ndlr : le nom donné au costume du carnavaleux). Quand je suis devenue maman, je suis allée maquiller les camarades de mes enfants pour que tout le monde puisse être beau et fier de son costume.

Cô Boont’che : Je n’étais pas carnavaleux à la base. J’ai suivi des cours de musique à l’Harmonie de Malo-les-Bains dès l’âge de sept ans. Et vers l’âge de dix ans, Cacaille, lui aussi tambour-major, m’a pris sous son aile et m’a proposé de rejoindre les musiciens de la bande avec mon tambour. Ça a été une révélation. 

Vous fondez ce duo depuis maintenant six ans. Si vous deviez évoquer un seul souvenir, quel serait-il ?

Cô Boont’che : C’est une anecdote, mais il pleut chaque année à la bande de Dunkerque depuis l’arrivée de Chouyoutte (rires). Croisons les doigts pour qu’à la prochaine, le dimanche 19 février, la météo soit meilleure ! 

Chouyoutte : Il y a quatre ans, Jean Chatroussat (ndlr : figure et mémoire du carnaval, qui a œuvré toute sa vie pour la transmission de la tradition, disparu en juillet dernier à l’âge de 92 ans) est venu nous rejoindre sur le parcours de la bande. C’était un moment très fort en émotions. 

Un tambour-major donne le rythme aux musiciens.
Chaque année, Cô Boont'che donne le rythme à 90 musiciens et maîtrise la foule des carnavaleux... qui peut s’élever à 50 000 personnes !

Parlez-nous de la genèse de vos noms de scène…

Chouyoutte : Alors clairement, le mien ne veut rien dire ! Quand elle est petite, ma fille se barbouillait avec mes bâtons de rouge à lèvres qu’elle appelait « chouyoutte ». C’est resté dans la famille et lorsque j’ai dû me trouver un nom, Pascal m’a appelée ainsi. 

Cô Boont’che : Dans la tradition, « Cô » signifie « François de ». Et ce « Cô » était suivi du nom de la boisson qu’affectionnait le tambour-major. On me surnommait déjà « boont’che », qui évoque mon nom de famille et qui signifie « haricot ». 

Maintenant passons à vos costumes : quelle en est leur signification ? 

Cô Boont’che : Au début du 19e siècle, un tambour-major s’est un jour habillé en grognard napoléonien pour se moquer des soldats. Et la tradition est née ! Chaque costume est réalisé sur-mesure. La confection du mien a pris six mois. 

Chouyoutte : Je porte un costume assorti à celui de Pascal. Dans mon sac, ses lunettes, ses clés et un peu de chocolat pour qu’il reprenne des forces pendant la bande ! Historiquement, la cantinière nourrissait les soldats. Mais moi, je transporte un tonneau pour abreuver les musiciens.

Question bonus : décrivez le carnaval de Dunkerque en trois mots. 

Chouyoutte : Convivialité, partage et tradition. Et la fierté également ! Car nous représentons une région et ses traditions que nous défendons. 

Cô Boont’che : Tout en nous amusant ! 

Crédits photo : Philippe Houzé

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