La plateforme wattrelosienne dessert 82 centres de proximité des Restos du cœur, répartis sur la métropole lilloise, les Weppes, le Pévèle-Mélantois et le Douaisis. Il y a un an et demi, cette plateforme avait fait la une de l’actualité régionale, avec le saccage de son siège et la dégradation de tout le parc de camions. Ce fait divers avait légitimement laissé une vive émotion parmi les personnels. Depuis, tous se sont remis au travail.

Chaque semaine, ce sont 150 tonnes de nourriture qui transitent ici, avant d’être dispatchées dans tous les Restos gérés par l’association. Ce sont des produits qui proviennent du Fonds social européen (FSE), de dons et de la ramasse, ou que nous achetons tout simplement, en circuit court le plus possible, précise Patrick Banneux, président des Restos du cœur pour la zone Nord-Lille.

Une quinzaine de camions et estafettes est nécessaire pour les approvisionnements des différents Restos, maraudes et lieux itinérants, dans les Weppes compris. Lors des distributions hebdomadaires, chaque bénéficiaire reçoit un panier repas par jour pendant six jours.

À Wattrelos, Patrick Banneux s’appuie au quotidien sur une équipe de 100 personnes, dont une cinquantaine de bénévoles. Si la plupart sont à la retraite – 70 ans de moyenne d’âge –, ceux-ci ne ménagent pas pour autant leurs efforts. Ce dévouement est précieux pour tous les salariés présents quotidiennement. La grande force du centre, c’est de savoir s’appuyer sur les compétences de ses bénévoles, glisse Zohra Zarouri, la directrice.

Une dizaine de services régit le quotidien du site : santé, vacances, animations, informatique, insertion, comptabilité, prospection, formation ou encore financement… Ce ne sont pas les missions qui manquent. Avec autant d’hommes que de femmes, poursuit Zohra Zarouri. Ici, il n’y a pas un bénévole qui se ressemble, ils donnent tous différemment, toujours avec le sourire. Je suis admirative lorsque je vois tout ce qu’ils apportent, c’est très inspirant. 

Nous, c’est un état d’esprit, raconte Béatrice, bénévole aux Restos depuis déjà quatorze ans, rejointe depuis par son mari Hubert. J’avais toujours dit que lorsque j’aurais du temps devant moi, je m’investirais. Cette ancienne fonctionnaire est désormais référente en insertion, ce qui ne l’empêche pas de participer également aux distributions près de chez elle, à Villeneuve-d’Ascq. Soit une quinzaine d’heures de présence pour le couple, répartie entre le lundi et le dimanche, au gré des nécessités.

Michèle, après 40 ans passés en banque, a trouvé tout naturellement sa place à la comptabilité. Derrière les écrans, on a l’impression d’être encore dans le monde du travail, apprécie-t-elle. Et le vendredi, quand je vais sur mon secteur pour donner un coup de main pour la distribution, j’aime beaucoup rencontrer les gens, discuter avec eux, et essayer de trouver des solutions… Je trouve ça enrichissant !

Quelle merveilleuse idée d’avoir initié, en 1985, cette aventure nécessaire ! Malheureusement, 40 ans plus tard, cette institution reste incontournable pour beaucoup de nos concitoyens. Je remercie très chaleureusement tous les bénévoles qui œuvrent pour les plus démunis. Au-delà de l’aide alimentaire, c’est aussi et surtout un espace d’humanité et de solidarité pour accompagner les personnes en difficulté.

Sandy, embauché au service approvisionnements depuis plus de 10 ans, est épaulé par Dany et Jean-Pierre. Chaque semaine, on reçoit à peu près 150 palettes de produits, explique le jeune homme. Derrière, en fonction de ce que nous rentrons, nous créons un catalogue que nous envoyons aux 82 centres, et ce sont eux qui élaborent les menus. On sert 25 000 personnes, c’est du flux tendu !

80% des distributions sont assurées par la flotte de véhicules de la plateforme. Là aussi, il n’est pas rare que des bénévoles soient sollicités pour ravitailler les Restos. Comme Thierry, également retraité, qui vient de rentrer de livraison : À côté de ça, je m’occupe de tout ce qui est menus travaux sur le site : l’électricité, la peinture... Je vois ce qu’il y a à faire, et je contacte ensuite les artisans si c’est nécessaire, détaille-t-il. Idem pour Charles-Éric, chauffeur le matin et comptable l’après-midi : Lors d’un reportage à la télé, je suis tombé sur Zohra qui était à la recherche de bénévoles, et je me suis dit que ça pouvait être bien de faire quelque chose qui avait du sens.

Patrick Banneux, ancien référent déontologue à la Région, qui a accompagné la création des Restos du cœur au milieu des années 1980, a pris la présidence de la zone Nord-Lille en octobre 2023. Il est lui aussi au service de l’association. Quand vous travaillez ici, ce n’est pas juste un engagement comme les autres, rappelle-t-il. On a célébré les fêtes de fin d’année entre salariés et bénévoles. Pour beaucoup, les Restos, c’est une deuxième famille. 

1985-2025 : la 40e campagne de l’association Nord-Lille en quelques chiffres

• 1 siège, 1 entrepôt et 82 centres de proximité, dont 1 centre itinérant dans les Weppes;
• 1 resto chaud à Lille;
• 2 maraudes à Roubaix-Tourcoing et Lille, 3 chantiers d’insertion;
• 2 ramasses centralisées; 
• plus de 10 500 familles inscrites dans la zone Nord-Lille (plus de 23 000 dans le Nord, et plus de 48 000 dans les Hauts-de-France); 
• plus d’1,1 million de repas servis dans la zone Nord-Lille (plus de 2,5 millions dans le Nord, et plus de 4,9 millions dans les Hauts-de-France).