La représentation du corps traverse toute l'Histoire de l'art. De l'antiquité grecque à aujourd'hui, il a été peint, sculpté, photographié, moulé. Tantôt sublimé, tantôt décrié, le corps en dit long sur notre rapport à la nature humaine et au monde qui nous entoure. Et si nous faisions enfin la paix ?

C'est justement un hymne à notre interdépendance qui ouvre le bal de l'exposition. Dans le hall du musée, l'installation monumentale de l'artiste allemande Simone Frazer vous happe les yeux et l'âme : trois grand cœurs de verre interconnectés, suspendus au plafond, reliés par des tubes à une multitude de fleurs. Tous semblables. Pour évoluer et s'épanouir, la force du collectif est indispensable.

Le corps mis à nu

Pour plonger dans l'intimité du corps, place à l'obscurité. Dans cette première partie, c'est toute l'anatomie du corps et sa mécanique qui sont dévoilées. A travers le vitrail, Wim Delvoye joue avec l'imagerie médicale pour révéler les organes. Le crâne aux deux visages (crâne Janus) d'Antoine Leperlier et celui d'Olivier Juteau vous rappellent que la vie est à la fois éphémère et sublime. Les poumons et l'estomac de Simone Fraser répondent à l'impressionnant cœur qui bat de Manon Fontaine. Fermez les yeux. Respirez. Vivez.

Suspendu dans les airs, le squelette du verrier Philippe Beaufils vous invite à poursuivre la visite. C'est ici !, semble-t-il indiquer en pointant le doigt. 

Pas à pas, le corps se reconstitue. Deborah Hopkins explore la main comme vecteur d'expression. Raf Van Ransbeeck capture la rigueur imposée aux corps des danseurs. Greb Hartmann et Luwi s'intéressent à la nudité, symbole de fragilité et d'authenticité. Les personnages de Dean Allison, Lucy Lyon et Giampaolo Amoruso communiquent silencieusement avec vous, tandis qu'un alphabet de lumière réalisé par Michel Paysant rend hommage à la Langue des Signes Française.

La poésie du corps

Retour à la lumière. En contraste avec la partie précédente, les oeuvres évoquent ici le corps sublimé, libéré de sa matérialité, évanescent. L'image photographique du buste de Michal Macku vous rappelle quelque chose ? Elle fait écho à l'Homme de Vitruve de Léonard de Vinci, à la recherche des proportions idéales du corps. Autour de vous, les quatre oeuvres de Mari Meszaros, Ann Wolff, Sandra de Clerck et Juliette Leperlier, quatre artistes de différentes générations, apportent un nouveau regard sur la représentation de la figure féminine. 

Que reste t-il quand notre corps disparait ? Une empreinte ? Une présence ? C'est la réflexion que vous livrent Kira Vertebra, Michal Maku, Florian Lechner, Aurélie Abadie et Samuel Sauques dans la dernière séquence.

À la sortie de l'exposition, Episodique de Sofiane M'Sadek ouvre les portes de l'imaginaire et vous reconnecte à votre enfant intérieur. Laisserez-vous les ballons s'envoler ? Vos souvenirs aussi ?

Le verre dans tous ses états

Si vous êtes déjà venus au MusVerre, vous avez certainement ressenti cette impression de mouvement, de fluidité qui se dégage des oeuvres de verre. Celles de l'exposition À corps ne font pas exception à la règle. 

Qu'ils aient utilisé le verre soufflé comme Sofiane M'Sadek, le verre irisé comme les poumons de Simone Fraser, la pâte de verre, le verre moulé ou thermoformé comme Mari Meszaros ou Florian Lechner, les artistes font preuve d'une prouesse technique incroyable. Jusqu'à emprisonner le verre dans le verre et révéler un visage qui change de forme sous vos yeux, à l'instar d'Aurélie Abadie et Samuel Sauques avec Mnémosyne II. Féérique. 

Le MusVerre fait partie de ces lieux qui contribuent à vous offrir une vision renouvelée d'un savoir-faire hérité de nos ancêtres, le soufflage du verre, technique à la base de la création des épis de faîtage et des célèbres bousillés.